LPH. (COPYRIGHTS). ISRAËL. Robert Badinter, l’ancien ministre français de la Justice, et celui qui a fait annuler la peine de mort en France, a aussi été président du Conseil constitutionnel. Robert Badinter:  « Si la réforme judiciaire passe en Israël, ce sera la fin du judaïsme et d’Israël ».

Il a accordé une interview à Ynet dans laquelle, il donne son opinion sur le projet de réforme judiciaire en Israël. Badinter s’est déjà rendu à plusieurs reprises en Israël mais c’est la première fois qu’il s’exprime dans un média israélien.

Pour Badinter, la Cour suprême en Israël ”n’a jamais remplacé la consitution parce qu’elle ne dispose d’aucun pouvoir sur les sujets politiques ou internationaux. Mais elle sert de garde-fou pour les droits fondamentaux des citoyens. La Cour suprême a une très bonne réputation, elle contribue à améliorer l’image d’Israël dans le monde”.

Il poursuit: ”Les Juifs en général et les Israéliens sont le peuple de la loi. Il s’agit d’un mot sacré pour les Juifs, ce qui en fait une exception dans l’histoire de l’humanité. Nous grandissons sur le respect de la loi pas uniquement de par notre culture, c’est un principe dans notre âme de Juifs. Si nous nous transformons en un peuple qui fait tout ce qu’il veut, ce sera la fin du judaïsme, y compris la fin d’Israël. Toucher à la Cour suprême, c’est toucher à la signification profonde du judaïsme. L’histoire juive s’incarne dans la déception du général romain, Pompée le jeune, qui est entré dans le Temple avant l’empereur Titus. Les Romains étaient persuadés que des trésors y étaient cachés. Dans le Saint des Saints, il n’y avait rien. La loi est abstraite. Aujourd’hui le sanctuaire d’Israël, c’est la Cour suprême. Le peuple de la loi doit la préserver et il est interdit de toucher aux gardiens de la loi”.

Badinter explique que la réforme judiciaire videra la Cour suprême de tout son sens. ”Le résultat est l’élimination de la Cour suprême. Il y a plusieurs façons d’y arriver. La première, la plus extrême, est de l’annuler tout simplement. L’autre façon est plus sournoise: on l’ampute de ses pouvoirs l’un après l’autre, dans le cadre d’un processus progressif de ”réformes” jusqu’à ce qu’il ne reste à cette institution qu’un rôle symbolique uniquement. Ce processus porte atteinte aux droits individuels et à tout ce qui garantit le respect des droits des citoyens israéliens”.

Quant à la méthode de nomination des juges, rappelons que sur les 9 juges qui siègent au conseil constitutionnel, trois sont nommés par le Président de la République, trois par le président de l’Assemblée nationale et trois par le président du Sénat. Badinter précise: ”J’ai un collègue américain qui m’a dit une fois: il n’existe pas de méthode de nomination parfaite, il existe juste de bons juges. Il avait raison. Dans toutes les méthodes de nomination, vous pouvez avoir des surprises. Souvent, les juges s’avèrent indépendants de l’autorité qui les a nommés. En tant que président du conseil constitutionnel, je disais toujours aux juges: ”Vous avez un devoir de droiture” et j’ajoutais: ”Vous avez le devoir d’être ingrat. Vous n’êtes pas redevables aux autorités qui vous ont nommés”.

Il résume ainsi ce qui se joue en Israël: ”Il est inconcevable que chaque changement politique transforme du tout au tout l’interprétation de la loi. Le parlement doit s’inspirer du conseil constitutionnel et non l’inverse. Sinon il n’a aucune utilité. C’est là le coeur du conflit en Israël aujourd’hui”.

Pour Badinter, ”le véritable danger est la fin de l’existence de la Cour suprême, ce qui menacerait la liberté des droits constitutionnels de chaque citoyen. Et dire que la bonne réputation de la Cour suprême israélienne dans le monde acquise après des décennies peut être détruite en un instant par une loi et une majorité simple”.

 

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Israël devant la réhabilitation du boucher de Damas. Par Freddy Eytan

Photo: Kremlin.ru

 

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