L’EXPRESS. Copyrights. Comment Israël met en place une zone tampon à la frontière avec Gaza.
Guerre Israël – Hamas. L’armée israélienne a été contrainte en janvier de révéler l’existence de cette « opération de zone tampon » à la frontière gazaouie.
Une fois la guerre terminée, qu’adviendra-t-il de la bande de Gaza ? Voilà plusieurs mois que les autorités israéliennes laissent planer l’idée d’une zone tampon, située à la frontière côté gazaoui. L’objectif étant, selon un responsable israélien interrogé par le Times of Israel début décembre, « que le Hamas ne puisse plus enrichir ses capacités militaires près de la frontière et surprendre à nouveau » l’Etat hébreu.
Ces dernières semaines, l’idée semble se concrétiser. En témoigne la destruction de nombreux bâtiments sur une bande d’un kilomètre de large, d’un bout à l’autre de la bande de Gaza, observée par de nombreux experts.
L’armée israélienne a ainsi entrepris de rendre cette zone inhabitable. Selon une étude de l’Université hébraïque de Jérusalem, relayée par The Wall Street Journal, 1 072 structures – la plupart étant des résidences – sur 2 824 ont été démolies sur cette bande de terre.
Ce n’est qu’en janvier que le chef de l’armée israélienne, Herzi Halevi, a été contraint de révéler l’existence de cette « opération dans la zone tampon entre les communautés israéliennes et Gaza ».
« Un no man’s land total »
« Tout a été aplani, témoigne un militaire qui a travaillé avec son unité dans le nord de la bande de Gaza, interrogé par The Wall Street Journal. C’étaient surtout des activités agricoles. Maintenant, c’est une zone militaire, un no man’s land total. »
Mais le projet suscite l’ire de nombreux pays – y compris chez les alliés de l’Etat hébreu. Outre la France, qui a, selon le journal israélien Ha’Aretz, fait savoir qu’elle s’opposait à ce projet, les Etats-Unis ont insisté à de multiples reprises sur leur profond désaccord.
Dès le mois de novembre, Joe Biden avait réaffirmé dans une tribune qu’il ne devait pas y avoir « de réoccupation, de siège ou de blocus, ni de réduction du territoire » de la bande de Gaza. Selon une source du Washington Post, Israël a informé les Etats-Unis que cette zone ne constituerait qu’un « dispositif temporaire ».
Une promesse qui interroge, alors que l’Etat hébreu justifie cette zone tampon par la volonté d’éliminer les positions de tir du Hamas près de la frontière. Jonathan Conricus, ancien porte-parole de l’armée israélienne, a d’ailleurs indiqué au Washington Post qu’il s’attendait à « ce qu’elle reste en place tant que des organisations de lutte armée seront présentes à Gaza ».
Quant aux responsables de Tsahal, ils n’ont donné aucun calendrier concernant la durée de vie de cette zone tampon. « Cette opération est discutable du point de vue du droit international », souligne le journaliste Anshel Pfeffer, dans Ha’Aretz. Par ailleurs, poursuit le quotidien de gauche, « l’efficacité militaire d’une zone tampon est limitée », notamment contre les projectiles à moyenne ou longue portée du Hamas.
En amont de l’offensive du Hamas, le 7 octobre, un tel dispositif, d’une moindre ampleur, avait déjà été mis en place le long de la barrière isolant la bande de Gaza.