Le journal Le Figaro vient de publier un article intéressant mais à prendre avec précaution. En effet, le texte ressemble à un début de polar. Le Figaro, qui ne transmet pas les sources de cet article, est un journal sérieux, mais qui de temps à autres se trompe… énormément. Les journalistes n’ont pas accès à Gaza. Le journaliste auteur de l’article, Georges Malbrunot, est considéré comme l’un des meilleurs journalistes de France. C’est lui-même qui écrit : « les ordinateurs sensibles (propriété de la France) ont été flashés et nettoyés » entre le moment de la frappe israélienne et l’incursion de Tsahal dans l’enceinte française par des « capteurs » au service de la France. Ce qui est intéressant à savoir : qui a orienté Malbrunot pour écrire cet article franchement bizarre. (DR)
LE FIGARO. COPYRIGHTS. MOYEN-ORIENT.  L’affaire est potentiellement embarrassante. Israël a-t-il récupéré des dossiers sécuritaires sensibles liés à l’activité de la France dans la bande de Gaza ? Le 3 novembre, le Quai d’Orsay annonçait que « les autorités israéliennes » l’avaient informé que l’Institut français à Gaza avait été visé par « une frappe israélienne », « quelques jours » plus tôt. « Aucun agent de l’institut ni aucun ressortissant français ne se trouvaient » dans le bâtiment, précisait alors le ministère des Affaires étrangères.

Environ dix jours après l’attaque terroriste du Hamas en Israël le 7 octobre, qui causa la mort de 1 140 personnes, en majorité des civils, le consulat de France à Jérusalem, dont dépend l’Institut de Gaza, avait demandé aux gardes et au personnel de l’antenne de quitter les lieux.

Dans son communiqué du 3 novembre, le Quai d’Orsay indiquait avoir « demandé (à Israël, NDLR) de nous communiquer sans délai par les moyens appropriés les éléments tangibles ayant motivé cette décision » de frapper l’enceinte française. Celle-ci, toujours selon le ministère des Affaires étrangères, « ne bénéficie pas de l’inviolabilité reconnue aux locaux diplomatiques par la Convention de Vienne sur les relations diplomatiques » .

Depuis, le silence règne autour de cette frappe israélienne. Selon une source française proche du dossier, « une dizaine de jours »après le bombardement qui causa des dégâts autour et dans l’enceinte, des soldats israéliens ont pénétré dans le bâtiment, rue Charles-de-Gaulle, dans le quartier Rimal de la ville de Gaza. « Ils ont saisi des ordinateurs, inscrits sur les murs en hébreu : « Ici, c’est Israël » , ils ont également tagué l’étoile de David, fait exploser le coffre, pris l’argent qui s’y trouvait et le reste du contenu » , affirme cette source française. « Des photos ont été prises des dégâts puis transmises aux autorités françaises » , précise un diplomate à Paris.

Un lieu de respiration

Peu après, « des hommes appartenant au Hamas sont à leur tour venus dans le bâtiment, comme ils le font souvent après le passage des soldats israéliens dans la bande de Gaza » , souligne un notable palestinien sur place; et depuis « des familles sans toit ont trouvé refuge » dans l’Institut, pour échapper aux bombardements israéliens qui, selon le Hamas, ont tué plus de 25 000 personnes, dont une majorité de civils.

Selon un agent des services de renseignements français, en se rendant sur place, « le Hamas a cherché à voir si les Israéliens avaient piégé les lieux en posant des micros et des caméras cachés » , comme ils le firent lorsque Tsahal céda la bande de Gaza à l’Autorité palestinienne en 1994.

L’armée israélienne connaissait la localisation de l’Institut français sur lequel flottaient un drapeau tricolore et un autre européen. La France est l’un des rares pays européens avec l’Allemagne, ainsi que l’Union européenne, à disposer d’une antenne à Gaza. Elle a été ouverte en 1989 en tant que Centre culturel français, avant de devenir en 2013 l’Institut culturel français. Un rare lieu de respiration pour les Palestiniens de la bande de Gaza, surtout depuis que le Hamas y a pris le pouvoir en 2007. Mais au-delà de la disparition de dossiers culturels, ainsi que du contenu du coffre, Israël aurait également saisi des ordinateurs dans lesquels figurent des informations liées à des activités de renseignements menées par la France dans l’enclave.

En 2000, les services de renseignements extérieurs (DGSE) ouvrirent un poste dédié à un de ses agents, basé au consulat général de France à Jérusalem, qui faisait des fréquents déplacements à Gaza et à l’Institut français. Au vu et au su de l’Autorité palestinienne, d’Israël, et même du Hamas.

Une telle disparition d’informations sensibles suscite des réactions contradictoires au sein de l’appareil d’État français. Une source sécuritaire, ayant accès au dossier, affirme que « des notes de renseignements contenant des éléments sensibles ont disparu » . Outre une perte d’informations, des sources risquent d’avoir été dévoilées.

Interrogé par Le Figaro, le ministère des Affaires étrangères ne dément pas, se contentant de répondre que « la situation à Gaza est, comme vous le savez, chaotique. Nous ne sommes donc pas en mesure de commenter les informations que vous évoquez. »

De source diplomatique, on précise que « les Israéliens ont apporté une première réponse à nos interrogations indiquant que la frappe (…) visait des combattants du Hamas réfugiés dans le bâtiment. Nous attendons des précisions supplémentaires de leur part » .

Une version quelque peu en contradiction avec ce que nous ont, à leur tour, répondu les autorités israéliennes : « Il n’y a pas eu de frappes sur l’Institut français mais à côté, car il y avait des terroristes » . Quant à « l’allégation de vol d’ordinateurs, elle n’a aucune base factuelle, nous la rejetons complètement » , fait valoir l’ambassade de l’État hébreu à Paris.

Au ministère français des Armées, « on ne comprend pas pourquoi les équipements sensibles n’ont pas été détruits immédiatement après la frappe israélienne », constate un haut gradé. « On le fait habituellement en pareil cas,dit-il, comme c’est arrivé en Libye ou en Iran, grâce à des procédures de destruction de dossiers qu’on maîtrise » .

À la DGSE, on ne souhaite pas faire de commentaires. Sans nier la visite des militaires israéliens dans l’Institut français, une source proche des services de renseignements confie toutefois que « les ordinateurs sensibles ont été flashés et nettoyés » entre le moment de la frappe israélienne et l’incursion de Tsahal dans l’enceinte française par des « capteurs » au service de la France. Bref, qu’aucune information sensible n’est désormais entre les mains d’Israël. Une version qui ne convainc pas tout le monde.

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