Ce Jeudi en direct sur Radio J à 14H45. « Les relations commerciales et hightech se poursuivent largement entre Israël et la Turquie ». Nous allons faire le point sur la situation entre les deux pays.

DEPUIS LE 07/10.

INTRODUCTION. Le conglomérat Turc Zorlu assure 7% des besoins en électricité de l’Etat hébreu. L’opposition à Erdogan a récemment interpellé le gouvernement Turc sur l’utilisation de la base aérienne d’Incirlik par l’armée américaine pour des livraisons d’armes à Israël. Pour sa défense, l’exécutif turc fait valoir que ce sont des entreprises privées, qu’il ne peut pas intervenir dans les contrats commerciaux.

Des données indiquent que la Turquie n’a jamais interrompu ses échanges, notamment commerciaux, avec Israël. Il y a eu 450 navires à partir de la Turquie pour Israël depuis le 7 octobre. Les flux de marchandises, comme l’acier et le pétrole se poursuivent comme si de rien n’était.

Limak Holding, géant industriel proche du pouvoir, envoie ainsi des bateaux quotidiens. Le Sabanci Group, l’un des plus grands conglomérats industriels et financiers de Turquie, envoie lui aussi des expéditions régulières.

Un navire appartenant à Ibrahim Güler opère régulièrement lui aussi entre les deux pays.

L’entreprise Pamukkale Kablo continue elle à fournir des câbles à Israël.

Le chantier naval de Sefine, propriété de Kolin Holding, effectuerait la maintenance du pétrolier chargé d’acheminer le carburant aux avions de chasse israéliens.

La société de transport Manta Shipping, qui appartient à Mert Cetinkaya, un associé de Burak Erdogan, le fils du président, poursuit ses activités avec Israël.

Oras Shipping, compagnie maritime commerçant avec Israël, compte elle pour associé Erkam Yildirim, fils de l’ancien Premier ministre Binali Yildirim de l’AKP.

LA REALITE DES CHIFFRES ET DES ACCORDS En août 2022, Israël et la Turquie ont annoncé le renouvellement complet de leurs relations diplomatiques.

La Turquie est le cinquième partenaire commercial de l’économie israélienne en termes d’importations et la septième destination d’exportation en 2022.

Les exportations de la Turquie vers Israël sont passés à $5,7 milliards en 2022, et se composent principalement de fer brut et de voitures.

Les exportations israéliennes vers la Turquie, principalement des produits chimiques, s’élèvent à environ $2,3 milliards en 2022.

EAU ET AGRITECH. La technologie agricole (AgriTech) et la technologie de l’eau sont deux domaines majeurs dans lesquels Israël et la Turquie pourraient unir leurs forces et collaborer. Les entreprises israéliennes spécialisées dans les technologies agricoles ont commencé à collaborer avec l’industrie agricole et les entreprises agricoles turques.

GAZ. La Turquie peut jouer un rôle dans l’exportation du gaz israélien vers l’Europe. « Le gaz israélien devrait atteindre l’Europe et le moyen le plus pratique est de passer par la terre plutôt que par la mer, et là, la Turquie jouera toujours un grand rôle », selon un homme d’affaires Turc. « C’est une autre raison pour laquelle je crois en une alliance entre Israël et la Turquie. »

Le président turc Recep Tayyip Erdogan avait mentionné la coopération gazière comme l’un des domaines où la Turquie et Israël pourraient renforcer leurs liens bilatéraux.

Des discussions se poursuivent à ce sujet depuis la visite du président israélien Isaac Herzog début mars à Ankara et des « décisions concrètes » pourraient être prises dans les mois à venir concernant le tracé proposé et les entités participantes, a déclaré à Reuters un haut fonctionnaire turc.

CONCLUSIONS. Depuis le début de la guerre à Gaza, plus de 300 cargos ont quitté les ports turcs pour livrer acier, fer, produit chimique, textile et ciment à Israël, sans oublier le précieux pétrole azerbaïdjanais. Depuis le port de Ceyhan, qui assure près de 40% des besoins annuels en brut d’Israël, le robinet n’a pas été coupé. Cela n’étonne guère, Cengiz Aktar, professeur invité à l’université d’Athènes. « C’est un trait permanent des relations turco-israéliennes », assure-t-il.

« Il y a toujours eu des hauts et des bas, mais ça n’a jamais, jamais, altéré ou changé quelque chose à la relation commerciale et économique qui existe entre les deux pays. »

Cengiz Aktar, professeur invité à l’Université d’Athènes

à franceinfo

Il faut dire qu’il serait difficile pour le gouvernement turc de fermer le port à ces départs. « L’acier part de la Turquie, et la Turquie importe aussi beaucoup de pièces de haute technologie, et notamment des pièces essentielles de ces drones, dont elle est très fière », explique le chercheur, qui résume : « devant le public on gueule le plus fort possible et derrière le commerce continue ».

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