Yahya Sinwar est le leader du Hamas dans la bande de Gaza. Surnommé Abu Ibrahim, il dirige dans les années 80 le service de renseignement du Hamas. Arrêté en 1989, il est condamné par la justice israélienne pour l’assassinat d’une douzaine de personnes. Libéré en 2011 dans le cadre d’un échange de prisonniers, il réintègre le mouvement islamiste et en est promu chef de la bande de Gaza en 2017.

Décrit comme un faucon, il est considéré comme faisant partie de l’aile la plus dure du Hamas. La direction politique vivant au Qatar, Sinwar dirige de facto la bande de Gaza.

Le Premier ministre Netanyahou connait bien la cruauté de Yahya Sinwar : ”Nous sommes face à un ennemi unique en son genre et particulièrement cruel. Un ennemi inhumain. Ils veulent commettre un génocide. Ils se battent pour détruire l’Etat juif, quelles que soient ses frontières. Ils appartiennent à l’axe du mal de l’Iran, du Hezbollah, du Hamas et des Houthis. Ils scandent: ”mort à l’Amérique qui est le grand diable, Israël est le petit diable. J’espère que je vous vexe pas, mais pour eux vous êtes le diable moyen”.

Sinwar est tenu pour responsable, avec d’autres, du raid du 7 octobre sur le sud d’Israël, qui a fait environ 1 200 morts et plus de 200 kidnappés.

« Yahya Sinwar est le commandant… et c’est un homme mort », a déclaré le porte-parole des forces de défense israéliennes (FDI), le contre-amiral Daniel Hagari.

« Cette attaque abominable a été décidée par Yahya Sinwar », a déclaré le chef d’état-major des FDI, Herzi Halevi. « Par conséquent, lui et tous ses subordonnés sont des morts en sursis. »

Biographie

Yahya Ibrahim Hassan Sinwar est né en 1962, dans un camp de réfugiés de Khan Yunès, où il a passé ses premières années. Il est diplômé de l’école secondaire de garçons de Khan Younès puis il est allé à l’université islamique de Gaza, où il a obtenu une licence en études arabes. .

Activités subversives et prison

Sinwar a été arrêté une première fois en 1982 pour des activités subversives et il a passé plusieurs mois en prison, où il a rencontré d’autres militants palestiniens, y compris Salah Shehade. Il se consacre à la cause palestinienne. Il est arrêté de nouveau en 1985, puis lors de sa libération, à la demande de cheikh Ahmed Yassine, il cofonde avec Rawhi Mushtaha le Munazzamat al Jihad w al-Dawa (Majd) l’organisation de la sécurité, qui vise à identifier les espions israéliens dans le mouvement palestinien, et qui, en 1987, est devenu la « police » du Hamas. Les « unités du djihad et de la prédication » qu’il dirige brûlent débits de boissons et stocks de revues pornographiques et sont aussi accusés de torturer et d’éliminer les traîtres.

En 1989, il est arrêté par le Shabak soupçonné de l’exécution de douze « collaborateurs palestiniens », il est reconnu coupable de quatre meurtres et condamné à 30 ans de réclusion. En 2005, après avoir survécu à un grave accident cardiaque et surmonté avec succès une tumeur cérébrale grâce à des médecins israéliens, il utilise sa période de convalescence pour apprendre l’hébreu, la langue de l’ennemi, et a même obtenu un diplôme en histoire. En raison de sa longue détention, il gagne le surnom de « général » parmi ses pairs. Pendant sa captivité, l’Autorité palestinienne verse à sa famille une pension mensuelle de 12 000 shekels, soit 3 000 euros. En 2011, au bout de vingt-deux années de détention, Sinouar fait partie des mille prisonniers relâchés par Israël en échange du caporal Gilad Shalit, capturé par le Hamas. Il est alors accueilli en héros à Gaza et appelle aussitôt les brigades Izz al-Din al-Qassam à commettre d’autres enlèvements d’Israéliens pour obtenir d’autres libérations de prisonniers.

Chef du Hamas à Gaza.

En , Sinwar a été déclaré « terroriste » par le gouvernement des États-Unis.

En , Yahya Sinwar, qui selon le Guardian « rejette toute réconciliation avec Israël », est élu à la tête du bureau politique du Hamas, et devient dirigeant de facto de la bande de Gaza.

Dès le premier jour de la Marche du retour, le , Yahya Sinwar se rend sur le lieu des manifestations et y annonce que des manifestations similaires se dérouleront chaque vendredi « jusqu’à ce que les Palestiniens reviennent sur ces terres dont ils ont été expulsés il y a 70 ans » et « jusqu’à ce que la frontière disparaisse ». Le , il annonce être prêt à mourir avec d’autres chefs du Hamas pour mettre fin au blocage de la frontière et le lendemain, il déclare : « Mais dites-moi, quel est le problème si des centaines de milliers de personnes franchissent ces barbelés qui ne sont même pas une frontière reconnue ? Cette clôture, ce n’est pas une vache sacrée ou un tabou qu’on n’a pas le droit de toucher ».

Plus d’un mois après le début de la Marche du retour, il accorde une interview à une journaliste italienne travaillant pour le quotidien israélien Yediot Aharonot — il affirmera plus tard qu’il ne savait pas que son interlocutrice travaillait pour un journal israélien — dans laquelle il déclare « Une nouvelle guerre n’est dans l’intérêt de personne, certainement pas dans notre intérêt. Qui voudrait se confronter à une puissance nucléaire avec seulement quatre frondes ? La guerre ne mène à rien ».

En mars 2021, il est réélu pour un mandat de quatre ans à la tête du bureau politique du Hamas à Gaza.

Lors de la vague terroriste de 2022, Yahya Sinwar, déclare après l’attentat d’El’ad qui a fait trois morts et trois blessés graves : « Que chacun prépare chez lui son fusil ! Et s’il n’en a pas, qu’il prépare sa hache ou son couteau ! ».

Le , il est toujours à la tête du Hamas dans la bande de Gaza lors de l’attaque contre Israël.

Le , au début des incursions de Tsahal dans Gaza, il se dit, dans un communiqué diffusé par le Hamas, prêt à conclure « immédiatement » un échange des otages contre « tous les prisonniers » palestiniens incarcérés par Israël.

LE PLUS. Selon le Financial Times, le leader du Hamas dans la bande de Gaza est une figure « populaire » et une « légende vivante » aux yeux de nombreux Palestiniens. Et ce, même si les plus modérés considèrent qu’il a ramené son peuple à « l’âge de pierre » et que certains l’appellent « le boucher de Khan Younès ».

Un surnom dont cet homme, né en 1962 dans le camp de réfugiés de Khan Younès (situé dans le sud de Gaza), a hérité au milieu des années 1980. Il avait alors déjà mis sur pied la branche militaire du Hamas, fondé et dirigé Majd – un redoutable appareil de sécurité intérieure, considéré comme la police du Hamas, et chargé (entre autres) d’éliminer ceux qui collaborent avec l’État israélien.

C’est d’ailleurs ce qui vaudra à Yahya Sinwar d’être arrêté par le Shin Bet – les services de renseignement intérieur israéliens – en 1989. Accusé d’avoir assassiné douze « collaborateurs » palestiniens, il est finalement reconnu coupable de quatre meurtres et condamné à trente années de réclusion criminelle en Israël. À Micha Kobi, agent du Shin Bet, Yahya Sinwar confiera, au cours d’un interrogatoire, avoir contraint un membre du Hamas à « enterrer vivant son frère ».

Décrit comme « cruel, autoritaire, féroce et violent », Yahya Sinwar est également charismatique, « capable d’exalter les foules », extrêmement rusé et doté d’une endurance exceptionnelle. Il est, en outre, un manipulateur hors pair. Il a profité de son long séjour en prison pour apprendre l’hébreu et lire tous les ouvrages consacrés aux plus grandes figures d’Israël : Vladimir Jabotinsky, Menahem Begin, Yitzhak Rabin.

« Il a tout appris sur nous, de A à Z », explique Micha Kobi au Financial Times. En 2004, interviewé par la télévision israélienne, Yahya Sinwar choisit de s’exprimer dans un hébreu parfait et exhorte l’opinion à opter pour la « trêve » (houdna) plutôt que pour la guerre. Il va jusqu’à déclarer : « Nous savons qu’Israël possède deux cents ogives nucléaires ainsi que l’armée de l’air la plus sophistiquée de la région. Nous savons que nous n’avons pas la capacité de démanteler [l’État d’] Israël ».

La même année, des médecins israéliens l’opèrent d’une tumeur au cerveau, le sauvant d’une mort certaine. En prison, Yahya Sinwar devient le leader de tous les membres du Hamas emprisonnés en Israël, et on l’appelle « le Général ». En 2011, au bout de vingt-deux années de détention, il fait partie des mille prisonniers que l’État hébreu relâche en échange du soldat Gilad Shalit, capturé par le Hamas en 2006.

En 2018, il déclar

Vu d’Israël, « le Général » est considéré comme un « extrémiste dangereux, qui ne sera jamais docile ». Pour autant, les services de renseignement estiment que Sinwar est plus occupé à renforcer le pouvoir du Hamas à Gaza et à obtenir des concessions économiques (soutien financier qatari, permis de travail israéliens…) qu’à échafauder des plans pour détruire l’État juif.

Grossière erreur d’appréciation ? Assurément. À partir de 2023, Sinwar a « complètement disparu ». Un responsable palestinien, habitué à se rendre régulièrement dans la bande de Gaza afin de négocier un « pacte national » avec le Hamas, ne parvient plus à le rencontrer. Ce qui aurait dû être un signal alarmant n’a pas été pris en compte par Israël, qui demeure persuadé que Yahya Sinwar est intéressé par un accord plus large avec les Israéliens.

Jusqu’aux attaques du Hamas du 7 octobre dernier, qui ont fait 1 200 morts du côté israélien. Une opération dont les préparatifs auraient duré au moins un an… Yahya Sinwar a donc réussi à duper les services de renseignement et le gouvernement israéliens.

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