TEMOIGNAGE. SPECIAL ISRAELVALLEY. Daniel Rouach. J’ai passé de nombreuses heures sur la « Place des Otages ». Et franchement cela m’a totalement épuisé. Des émotions qui s’entremêlent.
La place est surtout devenue une place de rencontres et d’échanges. La tente du Kibboutz Beeri est celle que je connais le plus. Sans cesse des visiteurs passent dans cette tente qui attire comme un aimant. Les kibboutzniks parlent sans aucune difficulté. Ils racontent en détail leur calvaire. Certains nous racontent des vérités choquantes et qui un jour sortiront dans la grande presse mondiale.
LA PLACE. Devant le musée d’art de Tel Aviv se trouve la « Place des otages » en libre accès. Plusieurs stands proposent des activités aux visiteurs qui visitent la place (peu de très jeunes, surtout des personnes ayant plus de 50 ans), notamment un atelier de graffitis avec des messages pour les otages.
Tout est propre et chacun respecte un code de conduite non écrit (pas de musique intempestive, pas de cris, pas de papiers jetés au sol…). Les organisateurs (la Mairie de Tel-Aviv) ont placé un écran géant sur la place.
Nous avons rencontré Ortal Shimon-Raz, psychologue qui travaille régulièrement comme bénévole sur la place, rebaptisée le 24 octobre par la municipalité « Place des Otages ».
Shimon-Raz, 41 ans, fait partie d’une équipe de bénévoles portant un tee-shirt bleu orné des mots « Emotional First Aid » (premiers secours émotionnels).
LA TABLE. On trouve sur la place la fameuse table de Shabbat vide de 220 places et 220 chaises en plastique jaune attachées ensemble par une corde. Ce sont les familles des otages de Gaza qui ont dressé l’immense table pour le dîner de Shabbat à Tel Aviv, avec de la hallah, du vin, des bougies, des couverts et des chaises vides pour représenter toutes les personnes actuellement détenues par des terroristes à Gaza.
Selon BFM : « Recouverte d’une grande nappe blanche et dressée avec assiettes et verres, la table est garnie de pommes, de pain, de bouteilles de vin et décorées avec quelques fleurs, comme prête à accueillir des convives. Quelques chaises hautes pour jeunes enfants ont été installées au milieu des différents sièges disposés autour de la table.
Malgré son apparente convivialité, la table n’est pas destinée à accueillir le moindre invité. L’objectif de cette installation est de rappeler que plus de 220 personnes sont retenues en otage par les terroristes du Hamas, après les attaques lancées en Israël le 7 octobre. L’organisateur de ce repas fantôme, Nimrod Arluk, explique avoir décidé de lancer cette action « pour dénoncer l’énorme quantité d’otages retenus dans la bande de Gaza ».
Pour être honnête cette table nous semble assez banale dans un contexte de folie ambiante. Des stands bien plus créatifs ont été placés sur cette place. En général les stands qui illustrent des enfants prisonniers sont très émouvants. Des tentes accueillent des groupes de discussions qui se forment de manière spontanée.
Un stand des Loubavitchs a été ouvert sur la place. Quatre Loubavitchs proposent de mettre des tefilines. Très peu de personnes viennent les voir.
Ce qui m’a le plus surpris en étant sur la Place de nombreuses heures c’est le nombre de personnes qui ont perdu une jambe. Ce sera pour moi la plus grande marque indélébile de ce désastre du Shabbat Noir du 7 octobre 2023.
Les blessés de ce jour sombre seront là, parmi nous, encore longtemps.