En France, la majorité présidentielle se fracture sur le conflit entre Israël et le Hamas.

Alors que l’exécutif veille à maintenir une ligne d’équilibre entre soutien à Israël et appel à une trêve humanitaire, des élus du camp d’Emmanuel Macron s’émancipent de la position diplomatique française. Ces divergences suscitent des remous internes.

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Sylvain Maillard, président du groupe Renaissance à l’Assemblée nationale, prend la parole lors d’une soirée de « mobilisation contre le terrorisme, pour la libération des otages du Hamas et pour la paix », organisée par Radio J, à Paris, le 24  octobre.

Attentif à ne pas « importer » la guerre entre Israël et le Hamas en France, Emmanuel Macron voit le conflit à Gaza fissurer son propre camp. Alors que le chef de l’Etat s’efforce, depuis le 7 octobre, de tenir une position équilibrée entre « solidarité » envers l’Etat hébreu et aide humanitaire à la population de Gaza, et que la France a approuvé vendredi 27 octobre une résolution de l’Assemblée générale de l’ONU réclamant une « trêve humanitaire immédiate » entre le Hamas et Israël, des responsables de la majorité présidentielle font entendre une autre ligne, celle d’un soutien sans faille à Israël.

 

Cette ligne « ne correspond pas à la diversité des opinions au sein du groupe, ni à la ligne diplomatique historique de la France, qui est aujourd’hui celle du président de la République », dénonce le député du Bas-Rhin, Charles Sitzenstuhl (Renaissance). « Sur un sujet aussi sensible que celui-ci, il ne peut pas y avoir deux lignes, confirme Pieyre-Alexandre Anglade, président de la commission des affaires européennes à l’Assemblée nationale. La seule ligne qui vaille est celle portée par le président de la République. »

Le débat sur la situation au Proche-Orient à l’Assemblée, lundi 23 octobre, a révélé au grand jour le clivage qui traverse le groupe majoritaire. A la veille de la visite d’Emmanuel Macron en Israël, les orateurs défilent à la tribune. Jean-Louis Bourlanges, président de la commission des affaires étrangères, prononce, au nom du MoDem, un discours aux accents gaulliens, « qui aurait dû être tenu par notre groupe », selon M. Sitzenstuhl. Réputé pour sa maîtrise des questions internationales, M. Bourlanges condamne l’attaque du Hamas du 7 octobre, « constitutive d’un crime de guerre généralisé ». S’il rappelle le « droit absolu d’Israël à se défendre », le député des Hauts-de-Seine dénonce aussi les « défaillances lourdes » des gouvernements de Benyamin Nétanyahou. Et met en garde contre le « risque d’une escalade incontrôlée » pouvant conduire à un « anéantissement massif des populations civiles ».

« C’est une situation tripale »

La mise en cause de la politique conduite par Benyamin Nétanyahou vaut au député centriste les protestations du député Meyer Habib (Les Républicains, LR), connu pour relayer dans l’Hémicycle les éléments de langage du premier ministre israélien, et les applaudissements des députés de La France insoumise (LFI). Sur les bancs clairsemés de Renaissance, le député de Paris Gilles Le Gendre est l’un des rares à se lever pour applaudir Jean-Louis Bourlanges.

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