Dimanche 8 octobre. Au lendemain des attaques du Hamas en Israël, les images insoutenables des corps mutilés de tous âges et les appels déchirants des proches des personnes enlevées par les terroristes, déferlent sur les réseaux sociaux et les chaînes de télévision. Sur WhatsApp, quelques entrepreneurs horrifiés partagent leur émotion. « D’abord quatre, cinq personnes, puis une quinzaine, et rapidement une centaine de personnes » rejoignent ce groupe spontané, décrit Benjamin Bitton, dirigeant du cabinet 2CFinance et membre du conseil d’administration de l’association professionnelle France Digitale. « Comme souvent face à l’horreur, les communautés se réunissent. Et comme on l’avait fait pour l’Ukraine, celles des entrepreneurs et investisseurs de la tech française s’est dit qu’elle devait manifester son soutien à Israël », ajoute-t-il auprès de La Tribune.

De cette mobilisation naît un texte, publié sous la forme d’une page de pub dans le journal Les Echos. « A travers ces civils morts, c’est l’humanité dans son universalité qui a été frappée, de même qu’à travers Israël, ce sont toutes les démocraties et leurs valeurs qui sont mises à l’épreuve. Nous ne pouvions rester les bras croisés : les valeurs de l’entrepreneuriat sont indissociables de l’engagement », écrivent les signataires, qui revendiquent vouloir apporter leur « soutien » et leur « aide concrète à cette jeune démocratie aujourd’hui menacée dans sa chair ».

La tribune est soutenue par plus de 500 signatures d’entrepreneurs « de tous bords politiques et de toutes les origines dont la seule volonté est d’afficher leur solidarité face à un peuple qui vit là son 11 Septembre ou son Bataclan », précise Benjamin Bitton. Parmi eux le fondateur de Meetic Marc Simoncini, l’ancien secrétaire d’Etat au Numérique Cédric O, l’investisseuse et fondatrice de Sista Tatiana Jama, le président de France Biotech Franck Mouthon, la directrice générale de France Digitale Maya Noël, ou encore l’auteur et entrepreneur Benoît Raphaël. Mais aussi quelques personnalités plus engagées politiquement, à l’image de l’essayiste ultralibéral Olivier Babeau, ou encore de Laurent Alexandre, fondateur de Doctissimo et nouveau conseiller du numéro deux du RN, Jordan Bardella, sur les sujets numériques.

L’émotion est d’autant plus vivace pour les entrepreneurs de la French Tech, en raison des liens parfois personnels qu’ils entretiennent avec la « startup nation » israélienne, à laquelle Emmanuel Macron avait repris le nom pour la France en 2017. « Comme tous les entrepreneurs du monde, nous avons été inspirés, façonnés, par les valeurs de la tech israélienne. Elles puisent leur racine dans la fameuse chutzpah (c’est-à-dire l’audace), dont découlent la résilience, l’adaptabilité, la créativité et le désir de se développer internationalement dès le premier jour », soulignent-ils dans le texte.

La voix toujours tremblante, Isabelle Amiel-Azoulai, fondatrice de Sienna Ventures Capital et l’une des premières mobilisées sur l’initiative, a passé les dernières 48 heures « à prendre des nouvelles des 70 sociétés de la tech » dans lesquelles elle a investi ces dernières années. « Deux parents, tous deux salariés de l’entreprise UBQ Materials qui est l’une de nos participations, ont été tués par des terroristes chez eux, juste après avoir pu cacher leurs deux bébés dans la cave qui ont heureusement été retrouvés vivants mais n’ont plus de parents. Des jeunes filles d’employés d’autres sociétés ont été enlevées et les terroristes ont publié des messages sur leur propre compte Facebook », débite-t-elle, deux exemples parmi « un flot d’histoires toutes plus horribles les unes que les autres » ces derniers jours.

« Je pense aussi aux Palestiniens car ils ne sont pas Gaza. On travaille aussi avec la communauté tech palestinienne et beaucoup sont horrifiés par ce qu’il se passe », ajoute l’investisseuse.

Face à l’impuissance de la barbarie terroriste, la lettre des entrepreneurs français de la tech n’a pas d’autre but que d’afficher un soutien moral. Un soutien financier n’est pas prévu à ce stade. En revanche, les signataires souhaitent flécher d’éventuels élans de générosité vers des associations locales qui viennent en aide à la population, à l’image de la Croix-Rouge israélienne.

Source : La Tribunes (copyright)

 

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