RADIO J. CHRONIQUE HIGH-TECH. Le lundi à 7H04 (heure de Paris) sur 94.8FM. Matinale animée par Nicolas Rafal. Chronique de Daniel Rouach.

NOTRE SUJET DU JOUR. L’impact très positif des Accords d’Abraham sur le commerce France-Israël. Les cas de Carrefour et Thales.

Un autre groupe Français (dont nous ne pouvons pas divulguer le nom) va bientôt faire une entrée fracassante en Israël.

INTRODUCTION. Les Accords d’Abraham sont deux traités de paix entre Israël et les Émirats arabes unis d’une part et entre Israël et Bahreïn d’autre part. Le premier, entre Israël et les Émirats arabes unis, a été annoncé en août 2020 par Donald Trump. Ces accords ont été prolongés par ceux avec le Soudan, et le Maroc.

La Libye, la Tunisie et la Mauritanie pourraient rejoindre le Maroc dans le processus de normalisation des relations avec Israël.

Le volume des échanges entre les Émirats et Israël a atteint $2,5 milliards en moins de deux ans. 65 accords et protocoles d’accord ont été signés entre les deux pays, plus de 1 000 entreprises israéliennes sont sur le point d’établir une présence commerciale aux Emirats.

Les Émirats comptent parmi les plus importants producteurs et exportateurs de pétrole. En 2022, ils comptent 9 701 315 habitants.

Rome a accueilli le premier Sommet mondial annuel sur le leadership des Accords d’Abraham en décembre 2022. Pour sa part, la France est très silencieuse sur les Accords d’Abraham. L’une des raisons : les industriels israéliens deviennent des concurrents directs des français dans des pays cibles de la France (surtout dans l’exportation d’armes).

Un constat. Les accords d’Abraham ont brisé le mur Israël-Pays arabes et les français le constatent tous les jours. En fait les industriels français observent que le monde a bien changé. Ils peuvent travailler avec Israël et les Etats Arabes.

Le Maroc développe avec Israël un partenariat tous azimuts, axé sur une coopération militaire et sécuritaire, depuis la normalisation des relations bilatérales en décembre 2020 dans le cadre des accords d’Abraham.

Les industriels français installés au Maroc observent avec inquiétude le raz de marée israélien dans le high-tech et surtout dans la vente d’armes sophistiquées. Sans équivoque, le Maroc fait bien partie des pays arabes qui ont signé en 2020 les Accords d’Abraham, sous l’égide des Etats-Unis.

1. CARREFOUR EN ISRAËL.

Le groupe français Carrefour a inauguré plusieurs dizaines de magasins en Israël, où il est le premier distributeur étranger à s’implanter, avec une promesse de faire baisser les prix. « C’est un très grand jour pour Carrefour, nous savons que les attentes vis-à-vis de Carrefour Israël sont élevées, et nous voulons être à la hauteur de ces attentes », avait déclaré le PDG de Carrefour, Alexandre Bompard.

Affirmant vouloir développer la gamme de produits casher proposés par son groupe, Alexandre Bompard a assuré vouloir « faire ça avec des prix abordables ».

Le distributeur français avait annoncé son arrivée en Israël, grâce à un partenariat avec le groupe israélien Electra Consumer Products et sa filiale Yenot Bitan, lui permettant d’ouvrir des magasins franchisés dans le pays. D’ici à la fin de 2023, la chaîne Carrefour Israël devrait compter entre 80 et 100 succursales.

Benjamin Netanyahu a salué l’arrivée du groupe comme « une excellente nouvelle pour les citoyens d’Israël ». « Le consommateur israélien bénéficiera de prix plus bas », a-t-il assuré. De ce point de vue, le lancement de Carrefour « augmentera la concurrence dans l’industrie alimentaire », a assuré Uri Kilstein, PDG de Carrefour Israël, dans le communiqué du groupe.

Selon nos informations exclusives : Carrefour a donné son feu vert à l’ouverture sur Israël lorsque les Emirats ont ouvert leur portes aux israéliens.

2. THALES EN ISRAËL. 27 JUILLET 2023. Impossible de comprendre l’introduction en force de Thales en Israël sans mesurer l’impact direct des Accords d’Abraham sur le Groupe français. Thales n’a plus aucune raison de ne pas travailler à ciel ouvert en Israël

Thales, groupe français d’électronique aérospatiale et de défense s’est porté acquéreur de la société de cybersécurité israélienne Imperva Inc. pour un montant de $3,6 milliards.

L’annonce en a été faite par Thales, qui rachète donc Imperva à la société de capital-investissement Thoma Bravo, qui l’avait acquise pour 2,1 milliards de dollars en 2018.

Imperva apporte des solutions pour identifier, évaluer et éliminer de manière proactive les menaces – actuelles et émergentes – pour les systèmes professionnels les plus critiques, comme les applications Internet et les données, quelle que soit leur localisation au sein des entreprises et organisations – cloud, entreprise ou environnements hybrides -.

Cette société spécialisée dans la cybersécurité des données et des applications a été fondée en 2002 par Shlomo Kramer, cofondateur d’une autre société de cybersécurité, Check Point Software Technologies Ltd, avec les entrepreneurs à succès Mickey Boodaei, fondateur de Trusteer, racheté par IBM, et Amichai Shulman, cofondateur de la start-up israélienne de cybersécurité Nokod Security.

« L’acquisition d’Imperva est un tournant majeur dans la stratégie de cybersécurité de Thales », a déclaré Patrice Caine, PDG de Thales.

« Cette acquisition est l’occasion d’accroître nos capacités en matière de cybersécurité et de devenir un acteur mondial de la question au niveau mondial, en proposant un portefeuille complet de produits et services. »

On estime à 35 % le pourcentage d’entreprises du Fortune 100 du secteur des services financiers, des télécommunications, de l’énergie, de la santé, de la vente au détail et du commerce électronique qui utilisent les solutions de cybersécurité d’Imperva. La société assure que sa plate-forme de sécurité des applications bloque 1 million d’attaques par minute, 22 milliards par mois.

Imperva, dont le siège social est situé à San Mateo, en Californie, compte plus de 1 400 employés et 17 bureaux dans le monde entier. Elle possède en Israël un centre de R&D qui emploie quelque 500 employés à Tel Aviv et Rehovot.

« Ensemble, nous pourrons davantage innover et améliorer l’efficacité des produits, grâce à des solutions disruptives, et apporter une réponse simple aux principaux problèmes de sécurité auxquels les organisations sont aujourd’hui confrontées, à savoir protéger les identités numériques, les applications, les API et les données, indépendamment de l’environnement et du domaine », a ajouté Pam Murphy, PDG d’Imperva.

Fournisseur d’éléments d’avionique civile, satellites et systèmes d’identité, Thales a fait savoir que cette acquisition lui rapporterait 500 millions de dollars de chiffre d’affaires et aurait pour effet d’étofferait son offre en matière de sécurité des données et des applications.

Le rapprochement des deux sociétés devrait générer quelque 110 millions de dollars de synergies annualisées avant impôts, dont 50 millions de dollars de synergies de coûts et 60 millions de dollars liés aux synergies de revenus, a déclaré le groupe français.

Thales investit près de 4 milliards d’euros par an en R&D dans des domaines clés tels que les technologies quantiques, l’informatique de pointe, la 6G et la cybersécurité. L’entreprise compte 77 000 employés dans 68 pays. En 2022, il a généré des ventes de 17,6 milliards d’euros.

La transaction devrait être conclue d’ici début 2024, sous réserve de l’aval des autorités, notamment s’agissant des lois antitrust.

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