EDITORIAL. Pascale Zonszain. « Ça tombe de tous les côtés, depuis le vote par la Knesset de la loi qui réduit les pouvoirs de la Cour Suprême.

C’est d’abord la banque d’investissements Morgan Stanley qui a annoncé hier qu’elle rétrogradait la note de crédit souverain d’Israël à « réticente ». Nous enregistrons une incertitude croissante sur les prévisions économiques des mois à venir ».

La banque londonienne craint un affaiblissement du shékel et des emprunts qui deviendront plus onéreux à rembourser à cause des primes de risque qui seront exigées. Ensuite, c’est l’agence de notation financière Moody’s qui a publié hier soir un rapport spécial sur Israël.  » Le risque d’une crise constitutionnelle en Israël augmente et les données sont préoccupantes  » indique le rapport des experts, qui met en garde sur les répercussions qui commencent déjà à se manifester.  » Nous estimons que le caractère global du programme du gouvernement est susceptible d’affaiblir considérablement l’indépendance des institutions judiciaires et de perturber l’équilibre entre les différents pouvoirs. Certaines de nos inquiétudes antérieures sur l’influence de la réforme judiciaire sur l’économie d’Israël commencent à se concrétiser » affirme le rapport de Moody’s qui constate que les investissements de capital-risque dans la tech israélienne, avec 3 milliards 700 millions de dollars depuis janvier, ont régressé à leur niveau le plus bas depuis 2019. Il y a des signes qu’Israël est en train de se couper des tendances mondiales du secteur de la haute technologie, constate encore le rapport de Moody’s. A ce stade toutefois, l’agence ne va pas plus loin qu’en avril dernier quand elle avait dégradé la note d’Israël de « positive à stable ». Sans oublier la banque américaine Citibank qui s’est elle aussi fendue d’une mise en garde. « La situation en Israël est sensible et dangereuse. Que va-t-il se passer après le vote de la loi sur la clause de raisonnabilité, adoptée sans compromis ? Personne n’en sait rien » expliquent les économistes de Citi. Les événements rendent les investisseurs de plus en plus nerveux pour leurs fonds en Israël. Nous recommandons la prudence » indique la Citibank.

» C’est une réaction momentanée. Quand la fumée se dissipera il sera clair que l’économie israélienne est très forte. L’économie d’Israël s’appuie sur des fondations stables et elle continuera à croitre sous la direction expérimentée qui conduit une politique économique responsable  » ont répondu le chef du gouvernement et le ministre des Finances dans un communiqué conjoint. Mais c’était le décalage entre les événements et les déclarations des dirigeants israéliens en particulier de Benyamin Netanyahou qui assurait qu’un compromis serait trouvé avant le vote, qui avaient déjà éveillé les craintes des experts des agences financières, alors que les propos du chef du gouvernement les avait d’abord convaincus de ne pas toucher à la notation de crédit d’Israël. Mais les différents rapports qui ont donc été publiés simultanément hier, indiquent que la parole du Premier ministre israélien ne porte plus, ou en tout cas moins bien. Et dans un domaine où la confiance est un facteur primordial, c’est clairement un problème.

Le secteur leader de l’économie, le high tech, est déjà le plus inquiet et aussi le plus engagé dans la contestation. Mais les retombées d’un affaiblissement de l’économie concerneraient toute la population. Et donc aussi les électeurs ».

Pascale Zonszain.

RADIO J.

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