C’est dans un climat régional très tendu qu’Israël a annoncé reconnaitre la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental. Visiblement le Maroc et Israël s’activent à accélérer leur coopération, essentiellement militaire, sécuritaire, commerciale et touristique après leur normalisation diplomatique.

La lettre de Benjamin Netanyahou au roi du Maroc

Après Washington, Israël a décidé de « reconnaître la souveraineté du Maroc » sur le territoire disputé du Sahara occidental, a annoncé lundi le cabinet royal à Rabat, en citant une lettre du Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou. « Par cette lettre, le Premier ministre israélien a porté à la Très Haute Attention de Sa Majesté le Roi (Mohammed VI) la décision de l’État d’Israël de reconnaître la souveraineté du Maroc sur le territoire du Sahara occidental », indique le Palais dans un communiqué. Dans ce courrier, Netanyahou précise que la position de son pays sera « reflétée dans tous les actes et les documents pertinents du gouvernement israélien ». Elle sera « transmise aux Nations unies, aux organisations régionales et internationales dont Israël est membre, ainsi qu’à tous les pays avec lesquels Israël entretient des relations diplomatiques », ajoute le dirigeant israélien, selon des extraits de sa lettre cités dans le communiqué royal.

Des représentations diplomatiques des alliés au Sahara occidental

Ainsi Israël examine « l’ouverture d’un consulat dans la ville de Dakhla », située dans la partie du Sahara occidental contrôlée par le royaume. Rabat souhaite que ses alliés ouvrent des représentations diplomatiques au Sahara occidental en reconnaissance de la « marocanité » du vaste territoire et en gage de leur soutien au royaume.

Tensions avec l’Algérie qui conteste la possession marocaine

Le Sahara occidental, ancienne colonie espagnole, est en effet considéré comme un « territoire non autonome » par l’ONU en l’absence d’un règlement définitif. Depuis près de 50 ans, un conflit y oppose le Maroc aux indépendantistes du Front Polisario, soutenus par Alger. Rabat prône un plan d’autonomie sous sa souveraineté exclusive, tandis que le Polisario réclame un référendum d’autodétermination sous l’égide de l’ONU.

Pour Jérusalem cette reconnaissance va renforcer la stabilité régionale

À Jérusalem, le ministre israélien des Affaires étrangères Elie Cohen a salué la décision. « Cette mesure va consolider les relations entre les États et les peuples, et la poursuite de la coopération afin de renforcer la paix et la stabilité régionale », a-t-il déclaré. Pourtant la  décision israélienne, qui était attendue, survient dans un climat de rivalité exacerbée entre le Maroc et l’Algérie, les deux voisins ayant rompu leurs relations diplomatiques en 2021 à l’initiative d’Alger. L’Algérie reste officiellement en guerre avec l’Etat hébreu et Jérusalem prend le risque de s’immiscer dans ce conflit interminable. Cette alliance entre le Maroc et Israël – en contrepartie d’une reconnaissance américaine de la « souveraineté marocaine » sur le Sahara occidental – a encore avivé les tensions avec Alger qui a dénoncé des « manœuvres étrangères ».

Le pari d’Israël : accélérer la coopération avec le Maroc en dépit de l’opposition des courants nationalistes marocains

Depuis leur normalisation diplomatique, le Maroc et Israël s’activent à accélérer leur coopération, essentiellement militaire, sécuritaire, commerciale et touristique. Ainsi, lundi, le chef d’état-major israélien a fait part de la nomination d’un attaché militaire pour la première fois au Maroc, le colonel Sharon Itah. Le bureau de liaison israélien à Rabat doit être élevé au rang d’ambassade et que le Maroc s’apprête à faire de même à Tel Aviv. Depuis la fin mai, trois ministres israéliens ainsi que le président du Parlement, le conseiller à la Sécurité nationale et des soldats d’une unité d’infanterie d’élite – une première – se sont rendus au Maroc. Mais ce rapprochement spectaculaire ne fait pas l’unanimité au Maroc, surtout depuis l’accession au pouvoir en Israël de courants ultra-nationalistes. La population marocaine est loin d’être aussi enthousiaste que ses dirigeants. Malgré tout, la cause palestinienne continue de susciter une immense sympathie au sein de la population marocaine. « Le renforcement de nos relations avec Israël ne se fera pas au détriment de notre position de principe en soutien au peuple palestiniens et à ses droits légitimes », a rappelé toutefois un haut responsable marocain.

Michel Zerbib

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