C’est officiel, l’Inde va acheter 26 chasseurs embarqués Rafale M et 3 sous-marins conventionnels Scorpene supplémentaires.

Toutefois, les enjeux de la coopération militaire et industrielle entre New Delhi et Paris semblent devoir aller bien au-delà de ces annonces spectaculaires et médiatiques.

Ainsi, tout porte à croire qu’en marge de l’acquisition des 3 Scorpene supplémentaires, Naval Group et la BITD navale française accompagnera activement le développement du premier programme de sous-marins nucléaires d’attaque indien, avec à la clé d’importants transferts de technologie pour rendre ces navires aussi performants que discrets.

Une seconde hypothèse de plus en plus abordée concerne la possible future collaboration du motoriste Safran dans le programme Twin Engine Deck Based Fighter, ou TEDBF, le futur chasseur embarqué bimoteur en développement par la DRDO, l’agence d’innovation de défense indienne, afin de developper un nouveau turboréacteur développant 12 tonnes de poussée pour un appareil donné à 26 tonnes.

Naval Group pourrait participer au programme de SNA indien, avec d’importants transferts de technologies à la clé

Devant entrer en service en 2035, le TEBDF remplacera les MIG-29 aujourd’hui mis en oeuvre à bord du porte-avions INS Vikramaditaya, un porte-avions de 45.000 tonnes acquis auprès de la Russie puis reconstruit par les chantiers navals indiens pour entrer en service en 2014. Il devrait également armer un éventuel troisième porte-avions annoncé il y a quelques mois.

Mais Safran pourrait bien ne pas être le seul industriel français à participer au programme TEBDF. En effet, selon le site indien idrw.org, citant des sources concordantes, il semblerait que Dassault Aviation puisse également accompagner l’industrie aéronautique indienne dans le développement de cet appareil, à l’instar de ce que pourrait faire Naval Group concernant le programme de SNA indien.

Pour la Marine Indienne, il sera en effet indispensable d’effectivement remplacer les Mig-29 du Vikramaditaya à l’échéance de 2035, ce qui suppose que le programme TEBDF soit développé tambours battants et ne rencontre aucun problème programmatique ou technologique.

Le Tejas est le premier chasseur développé par l’Inde. Si l’appareil a des performances raisonnables, il aura fallu plusieurs décennies pour lui permettre d’entrer en service en 2015. L’expérience d’un avionneur comme Dassault permettrait de garantir le respect du calendrier du programme TEBDF

Dans ce contexte, et sachant les difficultés rencontrées par l’industrie aéronautique indienne dans le développement du programme Tejas, être accompagné d’un avionneur et d’un motoriste très expérimentés dans ce domaine, serait incontestablement une immense plus-value et la garantie du respect du calendrier et des performances attendues.

Pour les industriels français, cette participation permettrait, au delà des transferts de technologies, de créer un puissant lien industriel et technologique entre les deux pays, et accroitre la présence industrielle dans le pays.

En procédant ainsi, Dassault Aviation et Safran se mettraient dans une position privilégiée pour multiplier les coopérations avec l’écosystème industriel indien, tant pour répondre aux besoins immédiats (on pense au programme MMRCA 2), que pour participer à d’autres programmes futurs, comme le chasseur AMCA qui devra remplacer les Su-30MKI de l’Indian Air Force.

Surtout, en embarquant simultanément dans le programme de sous-marins nucléaires d’attaque et de chasseur embarqué TEBDF, les industriels français s’engageraient dans deux des programmes les plus stratégiques et déterminants en cours pour l’effort de défense indien, faisant de la France un partenaire de premier plan pour New Delhi et vice-versa, peut-être même une alternative à la position qu’avait la Russie jusqu’à aujourd’hui.

Reste à voir, désormais, quelle forme prendra effectivement cette coopération, et quel sera son périmètre. Quoiqu’il en soit, tout indique que celle-ci ait désormais pris une trajectoire prometteuse et mutuellement bénéfique pour les deux pays, leurs industries de défense et leurs armées.

Source : Meta Defense

 

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