Pourquoi Tsahal visait le camp de Jénine.
L’armée israélienne a retiré ses troupes de Jénine, mercredi, mettant fin à une opération intense de deux jours qui a tué des terroristes Palestiniens et forcé à l’exode plusieurs milliers de personnes. Le camp de réfugiés de Jénine, l’un des plus pauvres et les plus denses la région, est aussi un symbole de la lutte palestinienne contre Israël, qui le considère comme « un nid du terrorisme ». Explications.
C’est la plus importante opération de l’armée israélienne depuis plusieurs années. Lancée lundi, l’opération militaire dans laquelle 12 Palestiniens et un soldat israélien ont été tués, est terminée, a annoncé l’armée mercredi 5 juillet. Elle visait le camp de réfugiés de Jénine, considéré par Israël comme une « plaque tournante du terrorisme ».
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Le camps de Jénine, un « nid du terrorisme »
Jénine est une petite ville où se trouve un important camp de réfugiés. Ce dernier accueille environ 18 000 habitants.
Ces dernières années, le camp a régulièrement été le théâtre de combats entre Israël et des groupes armés palestiniens au point de venir, pour Israël, un synonyme de la lutte palestinienne contre l’État hébreu et une « plaque tournante du terrorisme ». En 2002, lors de la seconde intifada lancée après l’effondrement de pourparlers de paix chapeautés par les États-Unis, Israël avait ainsi assiégé le camp pendant plus d’un mois durant une opération militaire en Cisjordanie. Cinquante-deux Palestiniens et 23 soldats israéliens ont été tués dans ces combats. Plus de 400 maisons avaient été détruites, selon l’Agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (Unrwa), et plus d’un quart de la population s’était retrouvée sans abri.
Israël alerte constamment sur un nombre croissant d’hommes armés résidant à Jénine et sur leurs stocks de munitions. Selon l’État hébreu, la ville sert de pôle de commandement et de préparation aux attaques palestiniennes, en plus de permettre aux combattants financés par le Hamas ou le Jihad islamique d’y vivre en lieu sûr.
Selon Israël, plus de 50 attaques armées ont été menées depuis le début de l’année 2023 par des hommes venus de Jénine et plus de la moitié de la population locale est affiliée à l’un des mouvements palestiniens armés.
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Des Brigades de Jénine de plus en plus nombreuses
Parmi les groupes armés présents à Jénine figurent le Jihad islamique, soutenu par l’Iran, le mouvement islamiste du Hamas, qui contrôle Gaza, et la branche armée du Fatah du président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas. Ils opèrent dans le camp de réfugiés sous l’égide des Brigades de Jénine.
Ces groupes trouvent aussi leur force dans la faiblesse de Mahmoud Abbas, âgé de 87 ans, dont les négociations avec Israël pour un État palestinien se sont effondrées en 2014, sans qu’une éventuelle reprise des discussions n’apparaisse à l’horizon.
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Regain de tensions.
Les tensions avec les Palestiniens ont redoublé d’intensité depuis le retour au pouvoir du Premier ministre Benjamin Netanyahu, en décembre 2022, qui s’est entouré d’une coalition de droite et d’extrême droite, comptant dans ses rangs plusieurs partisans de l’annexion de la Cisjordanie, comme Bezalel Smotrich. Ce chef du Parti sioniste religieux avait été chargé de l’administration des colonies de Cisjordanie occupée.
Depuis, les violences se sont donc accrues, avec la mort en juin de sept personnes dont deux jeunes de 15 ans lors d’un raid de l’armée israélienne sur le camp de réfugiés à Jénine. Lors de ce raid, l’armée a également tiré des missiles à partir d’un hélicoptère, fait inédit en Cisjordanie depuis 2002. De son côté, Israël affirme qu’au moins 50 attaques à l’arme à feu ont été organisées depuis Jénine et ses environs depuis le début de l’année.
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L’opération militaire la plus importante depuis plusieurs années.
Cela a contribué à conduire à l’opération d’ampleur lancée par Israël en ce début du mois de juillet, avec plus de 1 000 soldats déployés et, fait rare, des attaques au drone. L’objectif affiché était de détruire les infrastructures et les armes des mouvements palestiniens.
L’armée israélienne a indiqué que l’un des sites ciblés à Jénine était une salle de commandement connectée à un réseau de caméras de vidéosurveillance placées à travers le camp de réfugiés, ainsi qu’un tunnel et une armurerie cachés sous une mosquée.
Au cours de cette opération, 120 combattants présumés ont été arrêtés, a déclaré Israël, ajoutant qu’au moins neuf combattants ont été tués à Jénine.