LE DISCOURS HISTORIQUE DE ERIC DANON A ROGLIT. Discours – Cérémonie de commémoration à Roglit en présence d’une délégation du Consistoire central israélite de France.

Mémorial de Roglit.

 

Plus de 40 ans après l’inauguration de ce lieu si symbolique, l’émotion qui étreint ici le visiteur n’a rien perdu de sa force. C’est l’émotion collective face au déferlement sans précédent de la barbarie et de la folie humaine, qui change irrémédiablement le cours de l’Histoire. C’est aussi une émotion à hauteur d’homme, face à des vies sacrifiées, des destins anéantis. C’est enfin, je dois dire, une émotion personnelle, chaque fois renouvelée à la lecture des 19 noms Danon gravés sur ce Mur.

Ici, à l’ombre de ces arbres si paisibles entretenus avec soin par le KKL, résonnent les murmures de celles et ceux qui ne sont plus. La mémoire de la Shoah est d’abord celle d’une communauté, la communauté juive, accablée par l’Histoire mais plus vibrante et vivante que jamais. Mais cette mémoire est aussi notre héritage commun. Et derrière la singularité bouleversante des destins, elle nous rappelle à la vigilance, à la détermination. Car « l’Histoire alerte le présent », avertissait le président de la République Emmanuel Macron à l’occasion du 10ème anniversaire du site-mémorial du Camp des Milles, le 5 décembre dernier. Nous savons combien par-delà les âges et les latitudes, l’engrenage est toujours le même : l’intolérance qui conduit à la discrimination ; l’indifférence qui laisse libre cours aux dérives ; l’ignorance qui nourrit la haine.

Voilà donc pourquoi nous continuerons de peser de toutes nos forces pour repousser une nouvelle fois les démons du racisme et de l’antisémitisme. Cette année encore, l’Ambassade et les équipes de la France en Israël seront au rendez-vous, dans le réel comme le symbolique. Je pense aux rencontres mémorielles proposées tout au long de l’année par l’Institut français d’Israël, avec notamment un très beau projet d’hommage aux 80 ans de l’insurrection du Ghetto de Varsovie, que nous organiserons en partenariat avec le Beit Lohamei Haghetaot, le centre Marek Edelman de Lodz en Pologne, et le Mémorial de la Shoah à Paris. Je pense aussi à la cérémonie que nous accueillerons dans quelques jours à la Résidence de France, en mémoire de la martyre Mireille Knoll, tombée il y a cinq ans sous les coups du même obscurantisme barbare qui nous rassemble ici aujourd’hui. Je pense enfin, avec une même solennité, à l’inlassable travail de notre compatriote Georges Mayer, initiateur du projet Convoi 77 à qui j’aurai bientôt l’honneur de remettre les insignes de Commandeur de l’Ordre du mérite.

Chers amis,

Chaque année nous enlève malheureusement d’irremplaçables témoins du passé. Benjamin Orenstein, Raphaël Esrail, Elie Buzyn, Moshe Ha-Elion, le grand poète israélien, ne sont plus là pour nous décrire l’indicible, avec la gravité et la sensibilité de ceux qui l’ont vécu. Rendons-leur ici hommage, ainsi qu’à toutes celles et ceux qui, comme vous, ont fait leur ce combat pour le Souvenir. Je vous remercie./.

 

 

 

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