L’Iran change les règles du jeu et Israël se bat sur tous les fronts.

Ariel Schmidberg @ArielSchmidberg. Directeur des news d’i24NEWS.

Israël se bat actuellement sur tous les fronts, et ce n’est pas un cliché. Attaques par balles, attaques à l’arme blanche, attentats à la bombe et attaques à la voiture-bélier, dans les grandes villes comme sur les routes de Cisjordanie. Pouvons-nous continuer ? Il y a aussi des tirs de roquettes et de mortiers en provenance du Liban, de Syrie et de la bande de Gaza. Sans parler des incursions de drones depuis ces mêmes territoires.

Et ce n’est pas tout. Il y a les émeutiers sur le Mont du Temple, lieu particulièrement sensible de Jérusalem. (Prêtez attention aux vidéos qui circulent sur les réseaux sociaux. Les fidèles « innocents » n’entrent généralement pas dans les mosquées avec des bâtons et des pierres).

N’oublions pas non plus que, ces dernières semaines, Israël a été confronté à des cyber-attaques incessantes. Aucun autre pays au monde n’a à affronter une telle réalité. Même l’Ukraine n’a qu’un seul ennemi.

Pas moins de 18 Israéliens innocents ont été sauvagement assassinés par des terroristes depuis le début de l’année 2023. Leur seul crime était de conduire leur voiture pour aller en vacances ou faire des courses, d’attendre à un arrêt de bus, de se promener en ville ou le soir sur la promenade du bord de la mer. C’est ainsi qu’en un instant, des vies ont été fauchées et des familles détruites. Et sans la protection de systèmes tels que le Dôme de fer, le nombre de morts et de blessés de ce côté-ci de la frontière serait certainement plus élevé de dizaines de milliers.

Israël se trouve au coeur d’une région qui lui est hostile. Ces derrnières semaines, il a été dit et écrit un nombre de fois incalculables que ses ennemis savent comment sentir les faiblesses et agir contre Israël. En Iran et au Liban, on se frotte les mains depuis plus de trois mois devant les immenses manifestations contre la réforme judiciaire proposée par le gouvernement Netanyahou, qui a divisé la population et déstabilisé Tsahal.

Malheureusement, ces prédictions se  sont réalisées à un moment particulièrement sensible – les jours de la Pâque pour les Juifs et au milieu du mois de Ramadan pour les Musulmans, une fête devenue particulièrement explosive ces dernières années. L’expression banale « c’était écrit » est néanmoins très juste, et reflète ce que chaque Israélien a vécu dans les rues ces dernières semaines. C’est juste, mais pas pour autant rassurant.

Et si nous affirmons que « c’était écrit », alors il est clair que celui qui l’a écrit est l’Iran – cette fois avec un changement de prisme  régional particulièrement dramatique et inquiétant. Depuis des années, l’Iran galvanise ses alliés à la frontière d’Israël. Qu’est-ce qui va changer maintenant ? Principalement deux choses.

1) L’augmentation du soutien que l’Iran apporte à l’organisation terroriste Hamas, qui lui permet d’accroître l’intensité de ses opérations, mais surtout d’étendre son activité à des fronts supplémentaires. Ces derniers jours, cela est particulièrement visible dans deux endroits : le Liban (le lancement de missiles depuis le sud du pays en direction d’Israël jeudi dernier était le fait du Hamas au Liban et non du Hezbollah) et Jérusalem (le Hamas est responsable de l’embrasement de l’atmosphère avec sa célèbre – et infondée – affirmation selon laquelle « Al-Aqsa est en danger »).

2) Approfondir la coopération avec les partenaires de l’Iran à nos frontières. La coopération entre le Hamas et le Hezbollah, qui se manifeste tant sur le plan pratique que sur le plan déclaratif (la photo du chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, avec le chef du Hamas, Ismail Haniyeh, n’est pas un hasard), est une source d’ennuis pour Israël.

Ces changements représentent un défi pour l’establishment sécuritaire dans l’immédiat, mais peut-être surtout à long terme, car ce type de coopération ne tend qu’à s’intensifier avec le temps, et tant le Hamas que le Hezbollah n’ont qu’à y gagner. Le Hamas bénéficiera de l’expérience et de la puissance militaire du Hezbollah (une organisation terroriste qui est en fait une armée dotée d’un État – après tout, le Liban ne fonctionne pas vraiment), et Nasrallah bénéficiera de l’audace du Hamas de Haniyeh (qui, à bien des égards, fonctionne encore comme un groupe terroriste brutal).

Le tir de 34 roquettes par le Hamas depuis le sud du Liban en direction d’Israël jeudi n’était qu’une sorte de test d’armement. L’establishment sécuritaire israélien doit trouver tous les moyens de séparer les organisations et les fronts le plus rapidement possible, avant qu’il ne soit trop tard. Et il est peut-être déjà trop tard.

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