Le Rav Shmouel Eliahou, le grand rabbin de Tsfat, a écrit un texte dans lequel il s’insurge contre les manifestations de femmes déguisées en servantes écarlates, pour défendre la condition féminine. Il tient à faire entendre la voix de celles qui sont, selon lui les véritables femmes opprimées, les véritables servantes écarlates.

Pour rappel, la Servante écarlate est un roman de Margaret Atwood publié en 1985 et porté à l’écran dans une série du même nom dont la diffusion a commencé en 2017. L’intrigue se situe dans un futur proche, le monde a été totalement transformé et une secte politico-religieuse a pris le pouvoir. La société est divisée en castes et les femmes ont été déchues de leur statut de citoyenne à part entière. Elles sont hiérarchisées suivant leur  »fonction ». En bas de l’échelle, se trouve les servantes (vêtues de rouge écarlate) qui ne servent qu’à la reproduction : elles sont affectées à des couples de la caste dirigeante, et sont violées chaque mois rituellement par le mari, en collaboration avec l’épouse (au cours de la « cérémonie ») , jusqu’à ce qu’elles soient enceintes et mettent au monde des enfants tant désirés.

C’est donc à ce statut de la femme que font référence les centaines d’Israéliennes lorsqu’elles mettent en garde contre la réforme judiciaire et le gouvernement…

Le Rav Shmouel Eliahou, qui s’occupe avec beaucoup de courage et de détermination des femmes victimes d’agression sexuelle et fait tout pour que leurs auteurs soient jugés et punis, a donc décidé qu’il était temps remettre les choses en ordre.

 

 »L’histoire des servantes n’est pas une figure des manifestations ni une histoire inventée. L’histoire des servantes s’est déroulée en Israël pendant des années, avec le soutien et l’accord de tout le système », écrit le Rav Eliahou.

»Les véritables servantes dont la vie a été détruite, ne sont pas habillées avec des tenues écarlates et la tête couverte et baissée. Elles sont vêtues d’uniforme de Tsahal ou de gardiennes de prisons. Elles sont de jeunes soldates qui se sont enrôlées pour servir leur pays et ont été dirigées vers des postes de gardiennes dans la prison de Guilboa où elles ont été utilisées comme esclaves sexuelles par les prisonniers sécuritaires », poursuit le Rav Eliahou en parlant de l’affaire de proxénétisme organisé par la hiérarchie dans la prison de Guilboa pour satisfaire les prisonniers et obtenir du calme.

 

« Nous accompagnons ces gardiennes depuis plusieurs années. Nous essayons de leur fournir un soutien et les conseils nécessaires. Elles racontent que plusieurs de leurs amies ont aussi été victimes mais ne veulent pas porter plainte parce qu’elles ont perdu confiance dans le système judiciaire en Israël. Un système qui savait pendant des années, les viols à répétition et qui n’a rien fait ».

Puis le Rav Eliahou dénonce les femmes qui, aujourd’hui, se parent des costumes de la servante écarlate et qui hier, ont refusé de soutenir la création d’une commission d’enquête contre ces agissements dans les prisons:  »Ces femmes (les victimes, ndlr) ont ressenti une immense humiliation lorsque ces mêmes personnes qui se déguisent en servantes, ont voté à la Knesset en faveur de l’omerta sur l’enquête les concernant. Merav Mihaeli, Tamar Zandberg et leurs amies, se déguisent aujourd’huo en servantes. Mais lorsqu’elles ont dû remplir leur rôle et protéger ces mêmes soldates, elles les ont abandonnées à leur triste sort.

Tout le monde sait que le grand problème dans les cas d’agressions sexuelles est la culture de blanchiment et de l’omerta autour. Cette culture permet aux violeurs de continuer leurs crimes sans être dérangés. Cette histoire nous montre que cette culture n’existe pas uniquement dans des communautés fermées: elle existe aussi au sein du commandement des services pénitentiaires, elle a existé chez le ministre de la Sécurité intérieure, Omer Bar Lev, elle a existé chez le conseiller juridique du gouvernement, Shay Nitsan, sous le mandat duquel ce crime a été étouffé ».

Le Rav Shmouel Eliahou se félicite de la mise en examen, annoncée cette semaine, de la personne qui dirigeait la prison de Guilboa à l’époque ainsi que des officiers de ces soldates.

 »La justice pour ces filles, qui sont nos filles à tous, ne sera rendue que lorsque le violeur sera jugé pour ses actes avec tous ceux qui ont couvert le viol répétitif, qu’ils soient punis et mis au pilori ».

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