Sécheresse : Israël, un modèle de gestion de l’eau à imiter ?

Face à la sécheresse, ces pratiques israéliennes pourraient donner des idées à la France.

Elle figure parmi les dix plus grandes usines de désalinisation au monde. Chaque jour, l’usine de Sorek dans le centre d’Israël pompe des centaines de milliers de litres d’eau de la mer Méditerranée. L’objectif ? Fournir de l’eau potable à partir de l’eau salée, à plus d’un million d’habitants, soit plus de 10% de la population totale du pays. Le procédé n’est pas parfait : 50% seulement de l’eau pompée est potable après le traitement. Le reste, plus chargé en sel, est rejeté au large.

En tout, le pays compte cinq usines de ce type. Ce qui permet de fournir 75% de l’eau potable à partir d’eau de mer. « Le dessalement est la seule façon de produire en grande quantité [de l’eau potable]. Quand on ouvre un robinet en Israël, on est sûr d’avoir de l’eau », juge David Muhlgay, le vice-président IDE Technologies, la société propriétaire de l’usine de Sorek.

Au-delà de son rendement, ce procédé a d’autres limites, comme ses besoins énergétiques. Et ce, alors que seulement 8,1% de l’énergie consommée par Israël, en 2021, était issue de sources renouvelables. Lorsqu’elles tournent à plein régime, les usines de dessalement israéliennes consomment jusqu’à 5% de l’énergie totale du pays.

L’enjeu du renouvelable s’impose.

À Sorek, l’usine est d’ailleurs adossée à une centrale électrique fonctionnant au charbon, une structure qui devrait bientôt passer au gaz. Selon les données du ministère de la Transition énergétique français, une centrale à charbon fonctionnant 300 jours dans l’année émet environ 1,7 mégatonne de CO2, contre 0,72 pour une centrale à gaz allumée autant de jours dans l’année. Malgré le surcroît de pollution que cela induit, Israël compte ouvrir d’autres usines pour extraire 100% de son eau potable de la mer.

« Il nous faudra développer encore plus d’énergie solaire ou éolienne. On espère aussi créer des usines de dessalement alimentées en électricité par la houle marine », tient à préciser le représentant israélien.

Économies et recyclage : le crédo du monde agricole.

Autre adaptation du pays face à la sécheresse et au conflit aride, les économies d’eau dans l’agriculture. Dans le désert du Néguev, les arbres poussent grâce à l’irrigation au goutte à goutte. Un système développé depuis les années 1960 et en constante amélioration. Ici, pas d’humidité sur le sol, l’eau arrive directement aux racines. Grâce à ce procédé, les agriculteurs parviennent à économiser 30 à 40% d’eau, à condition de contrôler le débit.

« C’est un système complexe. Au début, le goutte à goutte était volumineux et coûtait cher. Il nous a fallu des années pour le rendre plus petit et abordable », explique Ram Lisaey, responsable agronomie globale au sein de l’entreprise Netafim, spécialisée dans les solutions d’irrigation. Coût des installations pour atteindre ces économies : 1000 euros par hectare cultivé. Cette solution commence, aujourd’hui, à convaincre les viticulteurs français.

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