Après trois ans de Covid et de prudence, l’ambassade d’Israël en Belgique et au Luxembourg invitait à un événement autour des fintech israéliennes, la semaine dernière à Luxembourg. L’occasion, par exemple, de découvrir Crymbo, pont entre deux mondes qui se regardent en chiens de faïence.

«Le Luxembourg devait être le seul pays qui se félicite du Brexit.» Le directeur de Fintech.il et président du Centre israélien des fintech, Shmuel Ben-Tovim, s’arrête un instant pour jauger la salle dans laquelle environ une cinquantaine de personnes a pris place pour le premier événement organisé par Idit Rosenzweig-Abu, l’ambassadeur d’Israël en Belgique et au Luxembourg depuis le début de la pandémie de Covid. M. Ben-Tovim sait très bien en réalité que la croissance des deux centres financiers est liée depuis toujours.

Au micro, il dresse le portrait d’un écosystème pas si éloigné que cela de l’écosystème luxembourgeois, hormis sa capacité à lever des fonds, notamment via un des quatre fonds spécialement mis en place pour cela (Moneta, Viola, Team8 et FinTLU). En 2022, la totalité de la tech israélienne a attiré 15,5 milliards de dollars d’investissements, dont 2,2 milliards dans la fintech, soit 14,2% du total alors que les levées ne représentent que 8,5% du nombre total d’investissements.

700 fintech, dont 520 sont actives, sont nées en Israël. Mais 4.000 personnes de 200 entreprises sont membres de son ONG, The Israeli Fintech Ecosystem, qui compte 30 memorandum of understanding, dont un avec la Lhoft. Les difficultés et les opportunités sont sensiblement les mêmes que sur toute la planète, notamment la mise en place d’une régulation qui permette à la fois de protéger le consommateur et de donner un point d’appui aux entrepreneurs pour développer de nouveaux produits et solutions. Sujet sur lequel a aussi insisté Meital Raviv, aujourd’hui consultante pour son propre compte, mais qui est passée par Bank Leumi (CDO), KPMG Israel (responsable fintech et innovation) et Bank Hapoalim (responsable de la stratégie numérique, Open Banking, Innovation Lab et innovation Fintech).

Le troisième intervenant, Tal Amram, est le CEO de Crymbo. La fintech est un plombier entre le monde de la finance traditionnelle, qui aimerait bien, parfois, aller voir ce qui se passe dans la cryptosphère, sans y aller sous le poids des régulations auxquelles il doit se conformer, et cette cryptosphère que chaque «crash» dans le monde fait apparaître comme un nouveau monde dangereux, sans foi ni loi. Crymbo propose une API qui réunit chaque brique de ce qui pourrait intéresser, par exemple, une banque qui voudrait se lancer dans la vente de cryptos. Une interface entre les acteurs de la crypto et ceux de la finance plus traditionnelle, la solution n’étant pas seulement destinée à la banque de détail, mais à tout acteur du monde financier.

«Au lieu d’aller chercher des solutions individuelles pour chaque petite partie du problème qu’elle peut rencontrer», explique-t-il, «la banque peut avoir toutes les solutions en une fois». Y compris la possibilité de couper directement les «robinets» liés aux cryptos, en cas de souci avec l’une de ces monnaies ou avec le portefeuille d’un client. «Nous avons même un système de ‘flags’ intégré qui permet d’anticiper les problèmes. Il ne faut que 24 à 48 heures pour l’installer», indique encore Tal Amram.

Sa blockchain de compensation et de règlement, qui permet un accès direct à une large gamme de produits financiers décentralisés sous une seule plate-forme, éliminant ainsi le risque de contrepartie, a été saluée par l’European Business Review qui désignait la fintech comme un des cinq projets à suivre en 2022.

«Le marché financier traditionnel se compose de plus de 100.000 entreprises dans le monde qui, actuellement, ne participent pas au marché des actifs numériques en croissance rapide. Et elles ne peuvent pas servir 99,99% de la population», a-t-il conclu.

Source : Paperjam (copyright)

 

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