La musique arabe en Israël

Depuis toujours, et bien avant la création de l’État d’Israël, la musique arabe a joué un rôle primordial dans les cérémonies religieuses et séculières de la vie quotidienne. On distingue en premier lieu la musique folklorique, interprétée par les Bédouins, agriculteurs et fermiers.

Les événements quotidiens sont scandés par un vaste répertoire de chants et de danses dans lesquels hommes et femmes sont séparés. Deux poètes à la fois musiciens et interprètes, originaires ou non du village, alternent dans le récital. Les airs sont généralement improvisés, construits sur la strophe populaire moyen-orientale de quatre vers, la ataba, ou encore sur un dialogue argumentatif en vers chantés, le huwar. La plupart des cérémonies se tiennent à l’extérieur et le public participe activement de la voix, en tapant des mains et en dansant la debka. L’ensemble est accompagné par le urghul ou mujwiz, doubles clarinettes utilisées d’ordinaire dans les villages.

La musique urbaine existe elle aussi depuis l’époque ottomane, mais elle a considérablement évolué. Avant 1948, Ibrahim Bathish avait créé à Haïfa un club de musique qui avait beaucoup contribué à développer la musique classique arabe, et l’un de ses étudiants diplômés, Selim Hilou, était devenu un éminent compositeur du prestigieux genre vocal, le muwashshah.

Après la création de l’État, trois jeunes compositeurs, Sudki Shukri, Michael Dermalkonian, et Hikmat Shahine, continuent de promouvoir une activité musicale arabe dans le nord du pays. Au lieu d’une transmission par voie orale, un programme d’enseignement est mis en place au conservatoire de musique à Haïfa. En 1963, Suheil Radwan, l’un des premiers diplômés, devient directeur du département de musique de l’Université de Haïfa. Ce département suscite une renaissance musicale dans les écoles, les centres communautaires et culturels.

La plupart des groupes musicaux qui voient alors le jour se composent également de musiciens juifs originaires des communautés arabes proche- et moyen-orientales. Une coopération quasi-fraternelle s’installe entre musiciens arabes et juifs. La création de Beït ha-guefen, centre de musique arabe et juif à Haïfa en devient le symbole.

En 1957 la radio israélienne fonde le premier ensemble orchestral professionnel de musique arabe. Ezra Aharon, compositeur et célèbre interprète à l’oud originaire d’Irak, est nommé à sa tête. Dans les années soixante-dix, des chanteurs arabes participent aux festivals annuels organisés par les diverses stations radiophoniques. Plus récemment, de petits ensembles arabo-juifs organisent des rencontres musicales où s’entrelacent les styles de musique arabe, juive et occidentale.

Le plus célèbre de ces ensembles est le Boustan, dont les membres utilisent le qanoun, la guitare, le banjo, le oud, le violon, la flûte, la guitare base et des percussions arabes.
Le groupe combine ainsi un mélange éclectique d’influences musicales et a acquis une réputation internationale.

Les multiples influences qui se dégagent de toutes les musiques d’Israël, la juive et l’arabe, la classique et la folklorique, la religieuse et la séculière, sont le reflet permanent des origines plurielles de la population du pays, de l’impact au quotidien des traditions musicales juives et arabes et de l’omniprésence des musiques occidentales.

De cette interaction constante des musiciens d’Israël avec les musiques d’autres cultures, lesquelles incarnent aussi parfois leur musique d’origine, est né un véritable melting pot musical. En cela la musique israélienne ne cesse de confirmer l’une de ses caractéristiques fondamentales : un essai de symbiose entre orient et occident dans une quête active de sources nouvelles ou renouvelées.

  • Michèle Tauber – Paris.
    “Je tiens à remercier tout particulièrement Oded Zehavi, compositeur et enseignant, dont l’accueil chaleureux et les conseils éclairés m’ont permis de mener à bien ce travail”
  • https://www.iemj.org/les-musiques-en-israel/
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