L’histoire ne dit pas si la chaîne de supermarchés française Carrefour vendra des kippas à son effigie en série ou si elles seront en édition limitée, mais aucun doute : la marque soigne son arrivée sur le marché israélien. Produits délivrés au compte goutte et attendus comme le messie par des citoyens fatigués par la cherté de la vie et le manque de diversité dans les rayons, magasins qui ouvrent un à un grâce à un plan marketing concocté aux petits oignons… Carrefour réussit son teasing.
Mardi, la chaîne a ouvert en grandes pompes un nouveau supermarché à Tel Aviv , nommé « Super » pour quelques mois de transition, dans lequel se sont pressés curieux et clients habituels attirés par cette nouvelle marque française si bon marché. « Carrefour installe progressivement, mais méthodiquement, les conditions de son lancement officiel », explique un cadre dirigeant. « Des magasins sont rénovés, des produits arrivent… Super est une enseigne temporaire, mais dès que l’on aura suffisamment de magasins rénovés et de produits disponibles, nous nous appellerons officiellement Carrefour ».
Le plan prévoit 40 enseignes Super, 1000 produits de la marque Carrefour dans 100 catégories différentes avant la « re nomination « des magasins. D’ici là, l’offre Carrefour est unanimement saluée, en terme de prix et de qualité : chocolat, céréales, huile d’olive ou papier sulfurisé, les produits Carrefour balayent tout sur leur passage. « Depuis l’arrivée de nos marchandises, les ventes dans les magasins Super ont augmenté de 38% », explique Ori Kilshtein, le PDG de Carrefour Israël.
Si les prix proposés sont du jamais vu dans les supermarchés israéliens, ils restent tout de même bien plus élevés que ceux proposés par la marque en France. « Nous gardons les mêmes marges, mais les prix prennent en compte la TVA, les frais d’expédition et la cacherout », avait expliqué il y a quelques semaines Ori Kilshtein lors d’un congrès d’investisseurs. Peu importe… les Israéliens s’en fichent, et se jettent déjà frénétiquement sur le chocolat à 6,90 shekels. Un record dans un pays où le marché de la grande consommation est entre les mains d’un très faible nombre d’acteurs qui s’entendent sur les prix. Autant dire que Carrefour a réussi un coup de maître.
Eve Boccara @eveboccara