Son identité est restée secrète durant des années. Il serait, selon le quotidien israélien Yediot Aharonot, « l’homme de l’ombre d’Israël dans le monde arabe ». Cet homme de 48 ans est soudainement sorti de l’anonymat – le média précise qu’il était interdit, jusqu’à hier, de citer son nom ou montrer son visage publiquement – à la faveur d’une nouvelle nomination, dimanche, en tant que directeur général du ministère des Affaires étrangères.
Ronan Levy, nom opérationnel « Maoz », a « joué un rôle important dans les contacts avec le Soudan, l’Égypte et les États du Golfe », selon Yediot Aharonot.
La même source explique que Ronan Levy a « servi durant 30 ans à des postes opérationnels au sein du Shin Bet, l’agence de renseignement interne d’Israël, où il a adopté le nom de code ‘’Maoz’’ comme coordinateur de terrain et en tant que chef d’une division supérieure dans l’armée ».
Pour compléter ce portrait, Yediot Aharonot précise que Levy est diplômé en sciences du comportement, en gestion d’entreprise et en économie après des études à l’Université Ben-Gourion et titulaire d’un MBA de la Peres Academic Institution.
Sous le cinquième gouvernement de Benyamin Netanyahou (2020-2021), il est devenu « l’homme de l’ombre du Conseil national de sécurité [d’Israël] dans la gestion des contacts secrets avec les pays arabes et africains, jouant un rôle important dans les contacts avec le Soudan, l’Égypte et les États du Golfe dans le cadre des accords d’Abraham ».
Les « accords d’Abraham » constituent deux traités entre Israël et les Émirats arabes unis, d’une part, et entre Israël et Bahreïn de l’autre, signés le 15 septembre 2020 sous la houlette de l’ex-président américain Donald Trump.
Ronan Levy, en poste au Conseil national de sécurité, avait « de très bonnes relations » avec l’actuel ministre des Affaires étrangères Eli Cohen, ministre du Renseignement à l’époque. Ce dernier était également connu pour son rôle dans la normalisation des relations entre Israël et certains pays arabes et africains et avait, notamment, dirigé la première délégation officielle israélienne à Khartoum.
« Missions non divulguées »
« Du point de vue du ministre [Eli] Cohen, il s’agit d’une décision spectaculaire, dont le but est de garantir que le ministère des Affaires étrangères sera le facteur central de l’élargissement des accords d’Abraham et de la gestion des contacts secrets avec les pays arabes avec lesquels Israël n’a aucune relation », poursuit le quotidien israélien.
Ronan Levy, « qui parle arabe à un niveau très élevé et connaît bien la culture arabe, est considéré comme un homme agréable qui a contribué à développer de nombreuses relations dans le monde arabe ».
« Tout au long de ses années d’activité, Levy a effectué des missions non divulguées dans des pays arabes et africains, et il connaît bien le territoire et la réalité diplomatique contemporaine. Cependant, le développement des relations avec les États-Unis et les pays européens devrait être un nouveau domaine pour lui », développe Yediot Aharonot.
Ce média révèle en outre que la nomination de Ronan Levy au poste de directeur général des Affaires étrangères n’a pas plu à certains diplomates chevronnés, vu que ce responsable n’était pas très attaché au « travail de bureau ».
Par ailleurs, ses missions secrètes dans les pays arabes et en Afrique « ont suscité la colère de nombreux responsables du ministère des Affaires étrangères et du Mossad [renseignements extérieurs] qui ont estimé que Levi interférait dans leur travail ».
Eli Cohen a défendu, pour sa part, cette nomination. « Ronan Levy est l’une des personnes les plus expérimentées et les plus créatives dans la connexion et le renforcement des relations internationales pour l’État d’Israël, et il a fait ses preuves dans d’innombrables réalisations, qui ne peuvent pas toutes être rendues publiques », a déclaré le chef de la diplomatie.
« Je ne doute pas qu’en tant que directeur général, avec le personnel professionnel et dévoué du bureau, la contribution au statut de l’État d’Israël dans le monde sera spectaculaire. »