En 2022, seuls 9% des jeunes gens ultraorthodoxes mobilisables, se sont engagés dans les rangs de Tsahal. C’est ce qu’a confirmé le département des ressources humaines de l’armée israélienne, qui vient de publier les chiffres de la conscription pour l’année qui se termine. Ce premier constat sur le faible taux de mobilisation dans le secteur ultraorthodoxe n’est pas une surprise et on voit mal la tendance s’inverser.

D’autant que la nouvelle coalition se dispose à voter une loi qui devrait définitivement exonérer de la conscription obligatoire les étudiants de yéchiva. Mais pour faire bonne mesure, il faut dire que pour Tsahal, adapter son fonctionnement et son organisation au mode de vie des soldats ultrareligieux est un vrai défi logistique.

Quant à la mobilisation dans les rangs de Tsahal, après être tombé à 64% en 2020, le taux le plus faible de son histoire, cette année 69% des jeunes mobilisables  se sont présentés pour le service. Ce qui fait tout de même 85% si on ne compte pas les ultraorthodoxes. Et l’armée israélienne est plus épargnée qu’on ne le prétend par la fracture sociale. Plus de 60% des jeunes issus des classes moyennes et aisées s’engagent dans les unités combattantes. Autant pour le préjugé qui voit les jeunes bourgeois dans les unités technologiques et ceux issus de la périphérie dans l’infanterie.

Les unités technologiques ne représentent que 4% des effectifs d’appelés, rappelle d’ailleurs le général Yaniv Assor, commandant des ressources humaines de Tsahal, même s’il reconnait que les jeunes qui y sont intégrés viennent majoritairement des classes et des régions du pays les plus favorisées. Une inégalité qui s’explique par les conditions d’accès à l’informatique et à la technologie, évidemment plus faciles pour les plus riches. Pour le reste, les chiffres que vient de publier l’unité des ressources humaines de Tsahal contredisent donc le débat de ces dernières années sur une baisse de motivation des jeunes des classes moyennes et aisées et sur une armée qui deviendrait plus celle des fantassins de la périphérie séfarade d’Israël, tandis que les plus riches et les ashkénazes serviraient dans les unités de renseignement et du cyber. La réalité est donc différente, puisque plus les jeunes viennent d’un milieu favorisé et plus ils optent pour des unités combattantes, voire des commandos, dont ils représentent 76% des recrues.

En Israël, les jeunes, dès qu’ils arrivent à l’âge de l’adolescence  connaissent la fameuse question de la motivation. C’est-à-dire leur niveau d’intérêt et de volonté à intégrer telle ou telle unité, et parfois tel type de fonction et qui seront confrontés à leur niveau d’aptitude, physique, intellectuelle et psychologique. Avec une première évaluation dès l’âge de 16 ans et demie. C’est donc un sujet qui intervient très tôt dans la vie des Israéliens. Et cette conception de Tsahal comme armée du peuple ne peut perdurer et prospérer que si tous les segments de la population y servent. Ou à tout le moins, c’est la notion de service national qui devrait être étendue à toutes les catégories de la population israélienne, pour inclure aussi bien le secteur harédi que la communauté arabe israélienne, qui pourraient consacrer l’année qui suit la fin de leurs études secondaires à du bénévolat dans des hôpitaux, des associations ou des services de secours.  Il y va de la cohésion de la société israélienne.

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Pascale Zonszain

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