Environ 10 000 personnes ont défilé à Tel-Aviv samedi soir pour protester contre la réforme judicaire voulue par le nouveau gouvernement, qualifiée de véritable « coup d’Etat » par les protestataires. Les rassemblements ont lieu à l’appel de diverses organisations dont celle appelée « La protestation de Balfour ».
« Le coup d’Etat de Netanyahou et de ses partenaires se heurtera à une résistance civile sans précédent », ont affirmé de nombreux manifestants. Parmi les personnalités à manifester, plusieurs députés dont le président du parti Hadash-Ta’al Ayman Odeh. La dirigeante du parti travailliste Meirav Michaeli, également présente, a déclaré : « Quelle énergie sur la place HaBima ! Des milliers de manifestants incroyables sont sortis pour protester et crier d’une voix claire que notre pays ne peut être détruit ! Nous continuerons à nous battre pour notre démocratie. »
« Les éléments extrémistes et dangereux du gouvernement nouvellement établi prévoient déjà comment nous faire du mal à tous, comment approfondir la discrimination raciale et sexuelle ou comment réduire les budgets sociaux. Nous ne resterons pas les bras croisés, et nous ne succomberons pas non plus au désespoir et à la frustration », a affirmé de son côté le mouvement judéo-arabe « Standing Together ».
Outre des drapeaux israéliens ou aux couleurs de l’arc-en-ciel, les protestataires à Tel-Aviv ont également ressorti les tee-shirts et banderoles barrés de la mention « Crime minister » (« ministre du crime ») en référence à l’inculpation de Benjamin Netanyahou pour corruption dans une série d’affaires. Ce slogan avait été largement repris lors d’un mouvement de contestation anti-Netanyahou qui avait vu, à partir de 2020 et pendant des mois, des Israéliens se réunir chaque semaine les samedis soirs pour réclamer son départ.
L’ancien président de la Cour suprême Aharon Barak a également fait entendre sa voix vendredi contre le projet de réforme du ministre de la Justice, déclarant dans des entretiens avec des chaînes de télévision que l’annonce de la réforme à la veille de l’audience de la Haute Cour sur la nomination d’Aryeh Deri au poste de ministre constituait une « menace ». Pour Aharon Barak, à l’origine de la « révolution constitutionnelle » que Yariv Levin souhaite renverser, les réformes envisagées sont l’équivalent d’une « révolution de chars ».
Le juge en chef à la retraite Meni Mazouz, qui a été conseiller juridique entre 2004 et 2010, a de son côté déclaré lors d’une conférence que « la clause de contournement aboutirait « à un État sans séparation des pouvoirs, un État n’ayant qu’une seule autorité pour contrôler à la fois la Knesset et le système judicaire ». »Dans la littérature de la science politique, un tel pays ne peut être considéré comme démocratique. »