L’interdiction de l’alcool pendant le mondial donne aux femmes un sentiment de sécurité.
L’atmosphère calme et l’absence de débordements sont dûs à la crainte plutôt qu’au manque d’alcool
L’interdiction de dernière minute de la vente d’alcool dans les stades du Mondial de football au Qatar a provoqué un tollé chez de nombreux fans mais certaines participantes affirment que cette mesure a permis de rendre le tournoi plus sûr. Sans donner de raison, la FIFA a annoncé, deux jours seulement avant le premier match que l’alcool ne serait vendu dans aucun des huit stades ni aux alentours. Les spectateurs peuvent toujours consommer de l’alcool le soir dans les « fan zones », des zones de fête désignées.
On trouve de l’alcool dans certains bars et hôtels du Qatar, mais la consommation d’alcool, telle qu’on la voit habituellement lors du plus grand tournoi de football du monde, fait cruellement défaut.
« Je me sentais en sécurité, tout le monde était très sympatique. Je n’ai jamais été dans un pays qui m’a fait me sentir aussi bien accueillie », a déclaré Tiffany Zeng, une fan qui a voyagé d’Israël pour l’événément sportif.
Elle a déclaré à i24NEWS que l’absence d’alcool contribuait à une atmosphère sans débordements, mais selon son expérience, c’était aussi culturel.
« Les fans étaient déjà très excités, alors sans alcool, tout est resté sous contrôle », a déclaré Zeng. « Il y avait aussi des règles vestimentaires, et le Qatar en général est un pays conservateur, donc les choses étaient assez ennuyeuses en dehors des stades et des fan zones. C’était un grand changement. Je ne pouvais pas imaginer que l’alcool soit autorisé dans les stades, les gens devenaient déjà fous. Sans une limite sur l’alcool, je pense que ça aurait été le chaos », a-t-elle noté.
Ellie Molloson, fan de l’Angleterre, a déclaré à Reuters qu’elle s’attendait à un « endroit dangereux pour les femmes ». ‘En tant que femme qui voyage, je peux dire que je me suis sentie très en sécurité ».
Peur ou sobriété ?
Mais il est difficile de dire si l’absence d’alcool a sensiblement modifié le comportement des supporters dans les stades et plus généralement à Doha. Il y a quatre ans, en Russie, lors de la Coupe du monde 2018, de nombreux observateurs craignaient que les Occidentaux en visite dans le pays ne risquent d’être arrêtés pour ivresse publique par la police russe, habituellement sévère. Le Kremlin avait même donné des instructions aux responsables de la sécurité pendant le mois du tournoi pour qu’ils adoptent une approche indulgente envers les étrangers qui boivent dans les rues.
Cette année, les choses ont définitivement changé. Les nuits russes imbibées d’alcool ont été remplacées par des rues plus calmes et des courses alimentaires d’après-match. Le thème de la fête toute la nuit de 2018 et même du Brésil en 2014 a été remplacé par un calme plat.
Dans les stades, la question à se poser est de savoir si l’interdiction de la bière a affecté l’atmosphère. À l’exception d’une poignée de matches, les atmosphères de jeu ont été relativement calmes. Bien qu’il y ait des danses et des chants, un autre décibel aurait été atteint si l’alcool avait été autorisé pour les fans.
En dehors des stades, les supporters qui ont de l’argent à dépenser peuvent facilement se procurer de la bière et d’autres alcools. Presque tous les logements officiels de la FIFA ont des bars garnis d’alcools haut de gamme, et même les fêtes organisées avant le match ont pu s’approvisionner en Budweiser qui avait été préparée pour les stades avant l’annonce de l’interdiction.
La question reste cependant posée : peut-on être en sécurité sans alcool ? La réponse est oui, mais surtout dans l’enceinte des stades. Les scènes de supporters ivres qui, par le passé, ont déclenché des bagarres dans les tribunes n’existent pas cette fois-ci.
Cela n’enlève rien à l’organisation apparemment incroyable que les Qataris ont mise en place pour les supporters – une Coupe du monde unique où les supporters peuvent se rendre à plusieurs matches par jour avec des moyens de transport faciles et gratuits. Les supporters présents sur le terrain ont déclaré qu’ils se sentaient en sécurité, mais ils pensent également qu’ils ont fait preuve d’une grande prudence, tout comme les autres étrangers, afin de ne pas provoquer d’agitation susceptible d’attirer l’attention de la police qatarie. Le faible nombre d’arrestations et de comportements répréhensibles que nous avons pu constater jusqu’à présent s’explique plus par la peur que par autre chose.