Daniel Gugenheim, Docteur en économie.

La société « Les laiteries du Golan » a demandé officiellement cette semaine au tribunal de bloquer toutes les actions des créanciers et la nomination d’un syndic. Cette compagnie est la cinquième laiterie en Israël, elle emploie plus de 100 salariés, est l’unique utilisatrice de tout le lait produit au Golan, et est endettée de 40 millions shekalim, principalement auprès de la banque Hapoalim.

En 2020, cette société avait encore des profits de plus de 1 million mais, en 2021, elle perdait déjà 7 millions, malgré un chiffre d’affaires de 120 millions, qui représente une vente annuelle de 20 millions de litres. Comme la plupart des entreprises qui font faillite, c’est un flux négatif de trésorerie, qui en est le responsable final et qui a provoqué le refus de la banque Hapoalim d’accorder une augmentation du crédit.

En fait, cette cessation de paiements est due à la situation économique intenable dans lequel elle exerçait son activité. Les prix de production du lait ont fortement augmenté pour diverses raisons (par exemple, la guerre contre l’Ukraine) et cette laiterie ne pouvait répercuter les prix à la vente, car des décisions politiques ont bloqué les prix à la consommation (70% de ses débouchés) et des accords commerciaux avec la chaine commerciale Shufersal, à qui elle fournissait 30% de sa production, ne lui permettaient pas une augmentation de ses prix de vente. Son erreur stratégique fut de ne pas avoir essayé de développer de nouvelles gammes de produits, notamment dans la fromagerie.

« Les agriculteurs européens bénéficient d’aides massives, ce qui n’est pas le cas en Israël ».

A la demande du « comité du lait » qui régit le marché, la société Tnouva a accepté d’acheter le lait produit au Golan, pour éviter des problèmes financiers chez les producteurs et un manque de produits pour les consommateurs. Cependant, cela ne résout pas le problème social pour ses salariés. Le prix des produits laitiers en Israël est beaucoup plus élevé qu’en Europe, car les agriculteurs européens bénéficient d’aides massives, ce qui n’est pas le cas en Israël.

L’importation de produits laitiers, préconisée par le ministre des finances et de l’agriculture de l’ancien gouvernement pour faire baisser les prix, n’a pas fonctionné et la plupart sont plus chers que la production locale. Ceux à bon marché ne sont pas mis en exergue par les chaines commerciales qui ne veulent pas « se froisser » avec Tnouva qui représente 70% des ventes. Il semble que cette nouvelle faillite va renforcer encore les grandes sociétés du secteur, dont Tnouva en particulier.

Le nouveau vrai défi de la production locale est la vente prochaine de produits laitiers à partir du lait artificiel. L’entreprise Strauss est en voie de finir sa première unité de production. Pour l’immédiat, la nouvelle coalition a indiqué qu’elle ne permettra pas une nouvelle augmentation du prix du lait à la consommation, mais sans doute va considérablement augmenter les aides au secteur agricole.

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