Jeudi, il a fait un tweet pour dire qu’il « a acquis Twitter ». Rachat confirmé vendredi par un autre message affirmant que « l’oiseau est libéré ». Retour sur sept mois de coups d’éclat et d’atermoiements via les tweets du patron américain, suivi par 110 millions de personnes.
Le nouveau patron de Twitter pour 44 milliards de dollars ? Elon Musk a annoncé ce jeudi après-midi, « qu’il a acquis » Twitter. Il avait jusqu’à vendredi pour trouver un accord avec l’entreprise, après des mois d’une saga hollywoodienne entre ce dernier et l’emblématique réseau social. Et vendredi, l’homme d’affaires a affirmé que « l’oiseau est libéré », confirmant une information des médias américains que le rachat était validé et que des dirigeants avaient immédiatement été licenciés.
Musk, connu pour ses tweets polémiques ou dépourvus de sens, n’a pas dérogé à la règle dans ce dossier. Envie de rachat, liberté d’expression, rétractation : le compte Twitter du multimilliardaire témoigne des coups d’éclat du patron fantasque dans cette longue entreprise, qui aura duré sept mois.
Tout début avril, le 4, le multimilliardaire fait son entrée au capital d’un réseau social qu’il connaît très bien : Twitter. Elon Musk fédère sur son compte 110 millions d’abonnés, et tweete presque tous les jours sur divers sujets, de son entreprise Tesla à la liberté d’expression en passant par ses envies de conquérir Mars. Des sorties qui font souvent réagir, pour leur tendance à la polémique ou parce qu’il est soupçonné de vouloir jouer sur le cours de l’action de son entreprise Tesla en tweetant des informations stratégiques.
C’est donc tout naturellement que dès le lendemain de son entrée au capital, il fait de nouveau le buzz en publiant, sur Twitter, un sondage » Voulez-vous un bouton d’édition [pour les tweets, ndlr] ? » Au total, 73,6% des « twittos » répondent oui… Et Twitter affirme quelques jours plus tard que la fonction va être mise en place. Une entrée réussie pour le patron américain.
Ne détenir qu’une part du gâteau ne lui suffit pas. Le 14 avril, le patron de Tesla fait une offre d’acquisition à 44 milliards de dollars. Évidement, il annonce la nouvelle sur son compte Twitter. Son tweet récolte d’ailleurs presque un million de « like ».
Mais que veut-il faire de la plateforme ? Il apporte quelques jours plus tard la plupart des réponses dans une conférence TED. Interrogé sur les raisons de son offre, il explique alors : « Je pense qu’il est très important qu’il existe une arène inclusive pour la liberté d’expression. Twitter est devenu, de facto, une sorte de place au centre de la ville, une place publique. Il est très important que les gens aient la sensation qu’ils peuvent s’exprimer librement, dans les clous de la loi – et qu’ils aient réellement cette liberté. »
25 avril : l’offre de Musk validée
Le 25 avril, le conseil d’administration de Twitter a validé (à contrecœur) l’offre émise par Elon Musk pour racheter entièrement l’entreprise pour 44 milliards de dollars (41 milliards d’euros). C’était, disait Elon Musk, « sa meilleure offre et son offre finale » de rachat. Le soir même de l’annonce, il a posté un message sur son compte Twitter : « J’espère que même mes pires détracteurs resteront sur Twitter, car c’est ce que signifie la liberté d’expression. »
Il avait déjà critiqué Twitter à de nombreuses reprises, notamment au sujet de la liberté d’expression, et de la modération des contenus, qu’il juge trop sévère.
11 juillet : sa rétractation avec des mèmes
Le 9 juillet, Elon Musk fait savoir par l’intermédiaire de ses avocats qu’il ne veut plus aller au bout de son offre, accusant Twitter de non-respect de l’accord, ce dont l’entreprise se défend. Un premier revirement de situation pas vraiment surprenant, puisque qu’il accusait déjà depuis plusieurs semaines l’entreprise de lui avoir menti. Le conseil d’administration de l’entreprise avait alors porté plainte, obligeant le dirigeant à tenir parole concernant ce rachat.
Silencieux sur Twitter pendant deux jours, il n’a pas tardé à réagir. Le 11 juillet, le multimilliardaire publie une série de photos en train, accompagnées de ces quatre phrases : « Ils ont dit que je ne pouvais pas acheter Twitter », « après qu’ils ne divulgueraient pas d’informations sur le bot [faux comptes]« , « maintenant ils me forcent à acheter Twitter en allant en justice » et « maintenant ils doivent divulguer les informations sur les bot en justice ».
5 octobre : il veut finalement bien racheter
Un énième rebondissement. Le 5 octobre, à dix jours de l’ouverture du procès, nouvelle volte-face : Elon Musk propose finalement de conclure la transaction du rachat de Twitter au prix initialement convenu. Et bien sûr, il l’annonce sur le réseau social avec ce message : « Acheter Twitter va accélérer la création de X, l’application pour tout. » Elon Musk souhaite donc un rachat dans les mêmes termes que le contrat initial d’avril, à savoir pour 44 milliards de dollars, à 54,20 dollars l’action. Il a néanmoins posé une condition, celle de l’annulation du procès qui doit opposer le patron de Tesla à Twitter du 17 au 21 octobre.
26 octobre : le coup du lavabo
Mercredi 26 octobre, le patron américain a mis en ligne une vidéo le montrant dans les locaux de Twitter (dont il doit boucler le rachat d’ici vendredi) et s’est rebaptisé « Chef Twit » sur le réseau social. Dans le petit film, il arrive à l’accueil de ce qui semble être le siège de la société, avec un lavabo dans les bras, hilare. Il joue sur le mot « sink » (lavabo), utilisé dans une expression américaine qu’il a posté sur le message accompagnant la vidéo : « Let that sink in » , « j’entre au siège de Twitter – je vous laisse absorber l’information ! » Elon Musk se rebaptise également « Chief Twit » dans sa bio Twitter.
Pour mettre fin, à sa demande, au contentieux qui l’oppose aux dirigeants du groupe à l’oiseau bleu, la juge du Delaware chargée du dossier a donné à Elon Musk jusqu’à vendredi 28 octobre pour finaliser le rachat.
27 octobre : « j’ai racheté twitter »
Le dénouement après sept mois de rebondissements ? Jeudi 27 octobre, Elon Musk a affirmé sur Twitter qu’il achetait ce réseau social, car il est « important pour l’avenir de la civilisation d’avoir une place publique en ligne où une grande variété d’opinions peuvent débattre de façon saine, sans recourir à la violence ». « Ceci dit, Twitter ne peut évidemment pas être un endroit infernal ouvert à tous, où tout peut être dit sans conséquence », a-t-il aussi relevé dans un message adressé par le multimilliardaire aux annonceurs, à la veille de la date limite de la clôture de l’opération.
Jeudi en fin de journée, si la transaction de Twitter n’était pas encore officiellement finalisée, mais plusieurs signaux montrent que l’opération est en cours. L’entrepreneur s’est notamment rendu au siège du réseau social mercredi et, d’après le Wall Street Journal, les banques participant aux financements ont aussi commencé à envoyer l’argent.
28 octobre : « L’oiseau est libéré »
Quatre mots, postés par le « Chief twit », pour annoncer que c’est fait. « The bird is freed » : en français « L’Oiseau est libéré ». Par ses propres mots, Musk confirme une information donnée par les médias américains plus tôt dans la soirée : le rachat est conclu.
« Il a fêté ça en virant les dirigeants », résume le média spécialisé The Verge. Selon l’agence de presse Reuters, Parag Agarwal, qui avait succédé au fondateur Jack Dorsey au poste de PDG de l’entreprise, et Ned Segal, directeur financier, ont été non seulement renvoyés mais même escortés par la sécurité à l’extérieur du bâtiment. Selon plusieurs médias, la responsable juridique et de la sécurité de l’entreprise, Vijaya Gadde, l’avocat général Sean Edgett et la directrice commerciale Sarah Personette ont aussi été licenciés sur le champ.