Washington n’a toujours pas donné son accord pour la vente à l’Allemagne du bouclier anti-missiles israélien Arrow 3 conçu par Aerospace Industries (IAI) et Boeing.

Washington traine la patte pour valider le contrat Arrow 3 entre l’Allemagne et Israël. Selon la presse israélienne, l’administration Biden bloque la vente d’un bouclier anti-missiles conçu par Israël Aerospace Industries (IAI) et Boeing. Ce dispositif a été financé à hauteur de 80%, soit 2,2 milliards de dollars, par les Etats-Unis qui disposent ainsi d’un pouvoir de veto pour les ventes à l’export de ce système.

Ce contrat de 2 milliards d’euros est en discussion depuis le mois de mars, mais les Etats-Unis tentaient de vendre à l’Allemagne un système concurrent, le THAAD, fabriqué par Lockheed Martin. La semaine dernière, Berlin a confirmé que son choix se porterait sur l’Arrow 3 israélien.

Jérusalem aurait approché Washington à plusieurs reprises pour avoir son approbation, mais sans obtenir de réponse. Pour les responsables israéliens, ce silence est le signe d’une opposition, mais en l’absence de rejet officiel, le feu vert n’est pas exclu.

L’Europe de la défense

La décision de s’équiper d’un tel bouclier a été prise à la suite de l’invasion de l’Ukraine par la Russie le 24 février. Berlin réclame qu’il soit opérationnel dès 2025 sur trois sites en Allemagne pour protéger son territoire, mais aussi la Pologne, la Roumanie et les pays baltes. Ce système de protection est capable d’intercepter des missiles balistiques à plus de 100 kilomètres d’altitude à une portée de 2400 kilomètres.

« Nous devons mieux nous protéger contre la menace russe. Pour cela, nous avons besoin rapidement d’un bouclier antimissile à l’échelle de l’Allemagne », expliquait en mars le rapporteur au Bundestag pour le budget de la défense, Andreas Schwarz en se proposant de jouer « un rôle clé pour la sécurité de l’Europe ».

L’annonce de s’équiper d’un bouclier anti missile américano israélien est perçue comme un nouveau coup dur de l’Allemagne pour l’unité européenne en matière d’armement. De nombreux signes pointent l’ambition de l’Allemagne de se démarquer de ses partenaires européens en général et de la France en particulier.

Scaf et MGCS

Berlin a décidé de ne pas participer à la modernisation des hélicoptère de combat Tigre dont la modernisation se fera sans l’Allemagne qui pourrait s’équiper des AH-64 Apache américains. Ou encore le contrat de 1,43 milliard d’euros avec Boeing pour équiper sa marine de cinq patrouilleurs maritime P-8A Poseidon plombant ainsi le programme MAWS avec la France. Berlin a aussi choisi de s’équiper de chasseurs F-35 américain au détriment d’appareils européens.

Enfin, deux autres dossiers rendent les relations tendues avec la France. Le Scaf, le système de combat aérien du futur reste un dossier plus que sensible entre la France et l’Allemagne, via leurs industriels Dassault et Airbus. Puis le programme de chars de combat du futur MGCS entre Nexter et Rheinmetall.

Le 12 septembre, le général Eberhard Zorn, chef d’état-major de la Bundeswehr, a enfoncé le clou avec une déclaration choc devant le DGAP [Conseil allemand des relations étrangères].

« Je veux des matériels qui volent, qui roulent et qui sont disponibles sur le marché. Pas de développement de solutions européennes qui, au final, ne marchent pas. Je ne citerai pas d’exemples ici. Ce serait presque du dénigrement des entreprises », a lancé le général Eberhard Zorn, pointant à la fois le Scaf et le MGCS.

Pascal Samama

Pascal Samama. Journaliste BFM Éco
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