La Banque d’Israël a procédé lundi à une nouvelle hausse importante de son taux d’intérêt de référence, le relevant de 0,75 point supplémentaire pour le porter à 2,75 %, dans le cadre des efforts déployés par la banque centrale ces derniers mois pour juguler la croissance de l’inflation.
L’inflation en Israël a atteint les 4,6 % au cours des douze derniers mois, selon les dernières statistiques, en baisse par rapport aux 5,2 % calculés en août, mais toujours bien au-dessus de la limite supérieure de 3 % prévue par la banque en janvier. L’inflation aux États-Unis est passée à 8,3 % en août, en légère baisse par rapport aux 8,5 % enregistrés pendant les mois d’été, et elle a atteint 10 % en Europe au mois de septembre.
La hausse du taux de la Banque d’Israël intervient un peu plus d’un mois après que la banque a relevé son taux à 2 %, contre 1,25 % en juillet. Il s’agit de la cinquième hausse de taux en 2022, la première ayant eu lieu en avril, lorsque la Banque centrale a initialement relevé le taux directeur d’un plancher historique de 0,1 % – un taux minimal qu’elle avait maintenu pendant plusieurs années et tout au long de la pandémie de COVID.
Le taux actuel d’Israël est le plus élevé depuis janvier 2012, selon Reuters.
Ces taux plus élevés sont conçus pour restreindre les mouvements de fonds en rendant les emprunts moins intéressants, ce qui a pour effet de freiner à terme la demande des consommateurs et d’atténuer les pressions inflationnistes engendrées par une offre insuffisante de biens et une offre excessive de liquidités.
L’indice des prix à la consommation en Israël – une mesure de l’inflation qui suit le coût moyen des biens ménagers tels que la nourriture, les vêtements et les transports – a baissé de 0,3 % en août après une hausse inattendue de 1,1 % en juillet, ce qui porte l’inflation annuelle à 4,6 %, selon les derniers chiffres du Bureau central des statistiques (CBS).
L’inflation est toujours à son plus haut niveau depuis plus de dix ans, et Israël est en outre confronté à un marché immobilier qui a vu une hausse des prix de 17,9 % en un an, – la plus rapide de la décennie.
Dans des remarques faites lors d’une conférence de presse lundi, le chef de la Banque d’Israël, Amir Yaron, a déclaré que « d’un point de vue macroéconomique, l’économie d’Israël est en bonne position, certainement par rapport à celle des autres économies avancées ».
Toutefois, il a averti que l’inflation « qui a grimpé en flèche dans le monde entier, et que l’on peut observer ici aussi, même si ce n’est que dans une moindre mesure par rapport au reste du monde, est un processus qui a un impact négatif sur l’économie, et en particulier sur les groupes de population les plus faibles, et nous devons la contenir et la ramener dans les limites de l’objectif fixé ».
Bien que la hausse de l’inflation dans le monde découle d’événements mondiaux tels que la guerre entre la Russie et l’Ukraine, qui a eu des répercussions sur les prix de l’énergie, la perturbation de la chaîne d’approvisionnement et le ralentissement de l’économie mondiale, Israël souffre également d’une série de problèmes internes, a-t-il noté. Il s’agit notamment de l’augmentation des prix du logement « qui, au-delà d’être un problème économique, est aussi une question sociale importante » et de « l’incertitude politique, dont les ramifications économiques incluent les retards dans les investissements à moyen et long terme. »
Selon Yaron, Israël devra également investir davantage dans « les infrastructures qui sont importantes pour la croissance économique et l’augmentation de la productivité dans les années à venir ».
Israël se classe au bas de l’échelle en matière de productivité (l’OCDE l’estime à 35 % en deçà des meilleurs performants de l’organisation), en raison de la disparité entre le célèbre secteur technologique très performant et les secteurs plus traditionnels, tels les industries fortement réglementées comme le secteur de la production et les écarts socio-économiques croissants.
En ce qui concerne le marché du travail israélien, la banque a déclaré qu’il restait sous pression, les taux d’emploi sont désormais supérieurs au niveau moyen de 2019 avant la pandémie de COVID, mais le nombre d’offres d’emploi est toujours aussi élevé, ce qui souligne la pénurie actuelle de travailleurs.
Dans ses projections à jour, le département de recherche de la banque centrale a déclaré qu’il prévoyait une croissance du PIB d’Israël de 6 % en 2022, et de 3 % en 2023. Il s’attend à ce que l’inflation baisse à 2,5 % en 2023, atteignant ainsi l’objectif de la banque, qui se situe entre 1 et 3 %. La banque avait précédemment prévu que la croissance du PIB serait de 5 % en 2022 et de 3,5 % en 2023.
Selon les nouvelles prévisions, le taux d’intérêt de référence devrait atteindre 3,5 % au troisième trimestre de l’année prochaine.
Yaron a déclaré que le prochain gouvernement d’Israël, après les élections de novembre, devra rapidement adopter un budget d’État et prendre en charge les réformes et les investissements nécessaires « au nom des générations à venir afin de réussir à assurer la croissance continue du PIB à l’avenir. »
« L’incertitude n’est pas bonne pour l’économie, or cette incertitude s’est accrue récemment dans de nombreux domaines en Israël et à l’étranger. L’économie israélienne est néanmoins forte et a prouvé sa capacité à croître à court terme, même dans des conditions d’incertitude et de tensions globales », a déclaré le chef de la Banque centrale.
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