Tim Cook, PDG d’Apple était à Naples cette semaine, où il a visité le centre de formation conçu par son entreprise. En Israël cette idée de « Developer Academy » fait son chemin.
Enseignement, protection de la vie privée, environnement, innovations… Tim Cook égrène les enjeux à venir pour son groupe.
Dans une salle monumentale de l’université de Naples Federico II, entre un sol en marbre et une peinture de la Renaissance italienne accrochée au plafond, se dresse un homme : Tim Cook, le PDG d’Apple.
Vêtu d’une robe noire, l’un des chefs d’entreprise les plus puissants de la planète s’est vu décerner, jeudi, un diplôme d’honneur du master d’innovation et de management international de l’établissement napolitain. Une cérémonie en l’honneur de Tim Cook, « un homme talentueux, un génie qui dirige une entreprise majeure dans le monde », a salué Matteo Lorito, le recteur de l’université.
Le géant américain y a ouvert la Developer Academy en 2016 pour former gratuitement des étudiants à la programmation informatique et au développement d’applications mobiles pour iOS, l’écosystème d’Apple. « L’Académie a enseigné à près de 2 000 élèves venus de 66 pays les compétences nécessaires pour créer leurs propres applications et donner vie à leurs idées », s’est félicité Tim Cook devant une salle extatique, au fond de laquelle s’amassent des dizaines de journalistes locaux.
Un bâtiment ultramoderne au milieu des quartiers populaires de Naples.
Troquant sa tenue cérémonielle pour un costume bleu sombre, l’Américain de 61 ans s’est ensuite rendu au campus de la Developer Academy : un bâtiment ultramoderne, au milieu des immeubles et routes délabrés des quartiers populaires de Naples. Dans des salles aux murs d’un blanc immaculé, 160 étudiants ont à leur disposition iPhone, iPad, Apple Watch et écran géant afin de développer leur propre application mobile pour l’App Store.
À l’arrivée de Tim Cook dans les salles de classe, les regards des étudiants interloqués et excités se croisent. Quelques chanceux ont pu présenter leur projet devant celui qui sera peut-être leur prochain employeur. « Pour travailler chez Apple, nous cherchons un esprit de collaboration. J’ai le profond sentiment qu’une idée partagée devient meilleure, décrira quelques minutes plus tard le PDG dans l’amphithéâtre de l’université. Nous cherchons de la créativité, des personnes qui sont capables de penser différemment », reprenant le fameux slogan de la marque à la pomme croquée, « Think different ».
Naples n’est pas la seule ville à être dotée d’un centre de formation fondé par la firme de Cupertino. Plusieurs dispositifs similaires existent à travers le monde, comme au Brésil ou en Indonésie. En France, elle collabore avec la start-up Simplon.co pour proposer des cours à l’intention des demandeurs d’emploi. « Le code est la seule langue universelle, assure Tim Cook au JDD. C’est la langue la plus importante après notre langue maternelle. Il vous permet de vous exprimer, d’évoluer, de changer le monde. Tout le monde n’a pas à devenir programmeur, mais ça peut vous aider pour bien d’autres choses. L’apprentissage du code devrait être une condition à l’obtention d’un diplôme. Je pense même qu’on devrait l’apprendre dès l’école primaire. »
« Steve sera toujours l’ADN d’Apple », dit Tim Cook
Pour Apple, former les nouvelles générations au développement d’applications pour ses appareils n’est pas dénué d’intérêt économique. En 2021, les achats effectués sur l’App Store lui ont rapporté 75 milliards d’euros. Le géant californien prélève une commission allant de 15 à 30 % sur les achats faits via les applications. Avec un chiffre d’affaires de 83 milliards de dollars rien qu’au dernier trimestre, le géant du numérique continue de battre des records.
Mais pour Tim Cook, l’intérêt est bien plus qu’économique. « Notre entreprise a été fondée par un visionnaire qui était convaincu que nous avons la responsabilité de laisser le monde en meilleur état que lorsque nous l’avons trouvé », estime le dirigeant à la tête de la multinationale depuis onze ans, qui a succédé à Steve Jobs après sa mort. « Steve sera toujours l’ADN d’Apple », dit-il d’ailleurs au sujet de son ancien patron et ami. Les missions qu’il doit désormais accomplir sont d’autant plus importantes à ses yeux dans un moment charnière de l’histoire. « Que ce soit en raison de la guerre dévastatrice en Ukraine ou de la profonde incertitude qui règne au sein de notre économie mondiale, poursuit Tim Cook, il est indéniable que nous sommes confrontés à des défis peu communs. »
Il est plus mesuré sur le métavers
Des défis que l’homme d’affaires veut relever tout en gardant en tête deux principes qu’il met en avant depuis plusieurs années : la protection de la vie privée et celle de l’environnement. « Le respect de la vie privée est un droit fondamental. Il est toujours possible de développer de nouvelles fonctionnalités sans collecter des données. C’est faux de dire le contraire. » Les activités internes d’Apple sont, elles, neutres en carbone depuis deux ans, grâce à l’alimentation de ses bureaux en énergies renouvelables. « D’ici à 2030, nous étendrons ce progrès à l’ensemble de notre chaîne d’approvisionnement – et au cycle de vie de nos appareils », appuie-t-il.
Ces ambitions devront aussi s’appliquer aux prochaines technologies d’Apple. Si Tim Cook reste toujours discret sur les projets de sa marque, il a quelques idées en tête : « Je suis fasciné par la réalité augmentée [une technologie permettant de superposer des images en 3D à la vie réelle, notamment à l’aide de lunettes]. Demain, comme avec Internet aujourd’hui, nous nous demanderons “Comment avons-nous pu vivre sans ? ” » Et quand on l’interroge sur le métavers, cette copie du monde tangible dans un monde numérique accessible à l’aide d’un casque de réalité virtuelle, il reste plus mesuré : « La plupart des gens ne savent pas ce que cela signifie. Il y a une place pour cette technologie, mais vous ne voulez pas avoir un casque vissé sur votre tête toute votre vie. » Voilà de premiers indices pour ce qui pourrait être la prochaine révolution de la marque à la pomme.