Il y a six ans jour pour jour était inhumé à Jérusalem Shimon Peres, l’un des pères fondateurs et 9ème président de l’Etat d’Israël et Prix Nobel de la paix. Certes un habile politicien mais avant tout un homme de culture.
Difficile en effet de trouver dans le paysage politique israélien un politicien aussi souvent cité dans les colonnes culturelles des journaux. Poète, écrivain, cinéphile – avant et après avoir été un homme politique incontournable de l’histoire d’Israël – Shimon Peres était un homme d’esprit, issu d’une époque où les politiciens côtoyaient les poètes et les acteurs plus que les hommes d’affaires.
Pendant sa vie, Shimon Peres a tout fait pour représenter une combinaison très peu conventionnelle de politicien et d’intellectuel dont il était fier. Son amour de l’écrit prévalait. Il se réveillait chaque matin à 4h, s’asseyait dans son salon et prenait un livre. Il en lisait plusieurs dizaines par mois et encourageait les jeunes à lire et à se souvenir que même si le peuple juif était devenu le peuple de Facebook il restait avant tout celui du Livre.
Shimon Peres d’ailleurs en a écrit près d’une vingtaine dont la plupart ne correspondent pas du tout à ce que l’on attend d’une personne qui a consacré sa vie à la politique. Il adorait aussi la poésie. La lire mais aussi l’écrire. Ses poèmes ont été mis en musique et interprétés par des artistes israéliens de tout premier plan.
À travers son enclin continu pour la culture, on décèle chez Péres une frustration voire un désespoir. Le désir de créer, d’être un véritable homme spirituel l’a accompagné durant toute sa vie sans être comblé jusqu’au bout.
Bien que la politique l’ait entraîné dans d’autres directions, le poussant à créer des rêves à partir de la réalité, Shimon Péres aurait préféré, confiait-il, être “poète des étoiles ».