Saviez-vous qu’il existe tout un réseau de fibres de champignons ultra-solides qui pousse en abondance sous la terre et que l’on appelle le mycélium ? C’est en exploitant cette ressource qu’un étudiant israélien a mis sur pied un matériau de construction isolant aussi robuste que du béton, mais surtout très peu gourmand en carbone.
C’est dans le Néguev que Achiya Livne, chercheur-doctorant à l’université Ben Gourion du Néguev, a récemment fait parler de lui pour une invention prometteuse. Le chercheur a en effet mis au point un matériau isolant végétal à l’empreinte carbone quasi neutre qui pourrait représenter une alternative durable au béton.
« Dans le cadre de la transformation mondiale vers une économie circulaire, la société moderne doit relever le défi de développer des matériaux de construction durables qui n’épuisent pas les ressources non renouvelables et ne génèrent pas de déchets destructeurs de l’environnement », souligne Achiya Livne dans un article scientifique publié début septembre.
Le bloc est constitué d’une base de mycélium (réseau de filaments fongiques qui constituent la partie végétale des champignons) ainsi que de pailles de colza. Ces matières sont récupérées à partir de déchets agricoles. « Les biocomposites à base de mycélium sont légers et très isolants, offrant ainsi des propriétés thermiques précieuses pour réduire la consommation d’énergie et les émissions pendant la durée de vie opérationnelle du bâtiment », précise le chercheur.
« Dans l’ensemble, nos résultats démontrent que l’utilisation de matériaux de construction biocomposites à base de mycélium fongique et de résidus végétaux locaux peut constituer une alternative durable aux pratiques actuelles », conclut-il. Le chercheur travaille actuellement sur une méthode permettant de contourner la nécessité de chauffer le mycélium, afin de réduire au maximum les émissions de dioxyde de carbone.
Le mycélium représente une ressource précieuse, dans la mesure où elle est très abondante et présente presque partout sur Terre. Elle s’avère donc particulièrement intéressante dans le domaine, sachant que la seule fabrication du ciment (ingrédient principal du béton) représente environ 8% des émissions mondiales de CO2. Mais ce n’est pas la seule industrie à pouvoir profiter de l’impact écologique positif du mycélium. Cette ressource est depuis quelques années exploitée par les stylistes et marques de vêtements pour fabriquer des produits plus écoresponsables.
C’est notamment le cas de la créatrice anglaise Stella McCartney qui a lancé un sac conçu à partir de mycélium en 2020, et plus récemment, une brassière et un pantalon cargo. Ou de la start-up américaine MycoWorks, qui a récemment levé des fonds pour se lancer dans la confection de cuir de champignon, capable d’offrir « les mêmes caractéristiques que le cuir animal, avec un impact environnemental moindre ».
Source : La Dépêche (copuyright)