JACQUES BENDELAC. La cherté de la vie est un des problèmes majeurs de la vie quotidienne de l’Israélien, mais il n’est pas le seul.
Depuis quelques semaines, le consommateur israélien se heurte à une autre difficulté en réalisant ses courses au supermarché : la pénurie de certains produits alimentaires.
Les œufs frais sont l’exemple le plus flagrant de ces derniers jours ; les rayons sont vides, ce qui parait inexplicable dans un pays où les volailles sont réputées être très fertiles.
Les chiffres parlent d’eux-mêmes : en 2022, les poules d’Israël vont produire plus de trois milliards d’œufs. Plus précisément : 3 milliards et 55 millions d’œufs destinés à la consommation.
Quota de production
Israël est donc un gros producteur d’œufs de consommation ; pourtant, la quantité produite ne suffit pas à répondre à la demande puisque les pénuries sont de plus en plus fréquentes.
Il est vrai aussi que l’Israélien est un des plus gros consommateurs d’œufs au monde : il consomme 320 œufs par an en moyenne et il est fort à parier qu’il en consommerait davantage si la production locale était plus importante.
Seulement voilà, en Israël, les poules ne maîtrisent leur fertilité ; ce ne sont pas non plus les éleveurs de volailles qui sont maitres de leur production.
C’est le gouvernement israélien qui décide chaque année du quota de production, c’est-à-dire de la quantité maximale d’œufs que les éleveurs sont autorisés à produire ; si ce quota est dépassé, les œufs de trop sont détruits !
Pour 2022, le quota a été fixé à 3,055 milliards d’œufs ; c’est mieux que le quota de 2021 (2,3 milliards) mais encore insuffisant pour répondre à la demande d’une population qui dépasse les 9 millions de personnes.
C’est donc bien la quantité d’œufs produite qui est limitée ; l’insuffisance de l’offre fait monter les prix et crée des pénuries tout au long de l’année.
Tous les œufs dans le même panier
Comment en est-on arrivé là ? Depuis 1963, les fermiers qui élèvent des poules pondeuses sont regroupés en une fédération appelée le Conseil de l’Industrie de la Volaille.
Cette fédération gère la production et la commercialisation des œufs ; c’est elle, et elle seule, qui répartit le quota de production entre les 1.650 éleveurs du pays qui lui sont affiliés.
L’activité de la volaille est donc très concentrée : peu d’éleveurs se partagent la production nationale et la fédération refuse d’accroître le nombre de ses membres, ce qui lui permet de maîtriser toute la filière.
Autrement dit, la fédération est un lobby agricole qui veille à ne pas accroître la production, justement pour maintenir des prix élevés et bénéficier d’une large marge de rentabilité.
En mettant tous les œufs dans le même panier (en l’occurrence la fédération), le gouvernement israélien maintient la situation de monopole des gros producteurs au détriment des plus petits.
Le consommateur israélien devra s’habituer à la pénurie de certains produits de base, comme œufs et lait : le système des quotas à l’israélienne est vieillot et inefficace, il est temps de le réformer…
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