Daniel Gugenheim, Docteur en économie.

Cela n’était jamais arrivé, ces derniers jours, l’euro est en dessous de 3.4 shekalim, la livre sterling s’échange pour moins de 4 shekalim. Quatre principaux éléments expliquent le fait que le shekel est devenu une monnaie « refuge ».

D’abord, comme l’ont souligné à plusieurs reprises l’OCDE et le FMI, l’économie israélienne est,  en 2022, le seul point de lumière parmi les pays développés. Par exemple, il y a un excédent budgétaire de 34 milliards depuis le début 2022 et donc Israël se désendette, alors que c’est le contraire dans la plupart des pays, notamment en France où la dette atteint près de 120% du produit national brut. De plus, Israël dégage un excédent de la balance de paiements, notamment grâce à sa place primordiale dans la haute technologie mondiale et aux gisements de gaz.

Ensuite, les banques centrales ont entamé un processus de hausse des taux pour lutter contre l’inflation. En Israël, l’inflation est autour de 4%, soit la moitié de celle des Etats-Unis et de la moyenne des pays européens. L’intérêt réel (déduit de l’inflation) qu’un investisseur perçoit sur le shekel (autour de -2%) est bien supérieur à celui du dollar (-5%) et encore plus de l’euro (-7% sur la moyenne des pays européens.) De plus, la santé financière d’Israël permet au directeur de la banque d’Israël de mener une politique monétaire encore plus restrictive, sans risquer de provoquer une récession, alors que par exemple aux Etats-Unis, on voit déjà poindre les premiers signes d’un ralentissement de l’économie.

Par ailleurs, les tensions mondiales et les dérèglements climatiques, comme la guerre en Ukraine, le conflit Chine-Taiwan, et la sécheresse vont affecter profondément l’économie mondiale, alors qu’Israël semble bien plus protégé face à ces problématiques. La dernière opération « Aurore » a même sans doute écarté les menaces stratégiques sur les gisements de gaz et,  au-delà, sur l’ensemble des infrastructures économiques qui pourraient être très affectés par un conflit militaire avec les forces encore hostiles.

Enfin, le shekel est très lié aux performances des bourses américaines. En effet, les investisseurs institutionnels israéliens qui gèrent l’épargne à moyen et long terme placent une partie non négligeable de ces fonds dans le Dow Jones, le s and p (les 500 plus grandes sociétés américaines) et au Nasdaq (bourse de la technologie). Lorsque ces marchés baissent sensiblement, ils sont contraints d’acheter des dollars pour se prémunir, comme cela s’est passé ces derniers mois, ce qui a entrainé une baisse du shekel. Or, comme nous l’avons démontré plus haut, les analystes estiment qu’au second semestre, les cours vont remonter et ces mêmes investisseurs institutionnels vendent le dollar pour acheter du shekel.

En fait, on ne peut exclure que l’euro s’échange autour de 3 shekalim dans les prochains mois.

SOURCES ET COPYRIGHTS. I24NEWS.

LE PLUS. SELON BBC.

La monnaie européenne a atteint son plus bas niveau en 20 ans, frisant la parité avec le dollar. Les deux devises étaient à un centime d’atteindre exactement la même valeur, lorsque l’euro oscillait autour de 1,007 dollars lundi, en baisse de près de 15 % depuis le début de l’année. Cela intervient alors que les craintes d’une récession économique en Europe grandissent sur les marchés, dans un contexte de forte inflation et d’incertitude croissante quant à la continuité des approvisionnements en gaz russe.

Finies les années où l’euro était si fort (1,6 fois le dollar lors de la crise financière mondiale de 2008) que de nombreux Européens partaient en vacances aux États-Unis pour des hôtels et de la nourriture bon marché, rentrant chez eux avec des valises pleines d’appareils électroniques et de vêtements.

Aujourd’hui, la situation est complètement différente, l’Europe subissant les conséquences économiques de la guerre en Ukraine et de la décision de la Banque centrale européenne de maintenir les taux d’intérêt. (BBC)

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