Carrefour et Spar ont annoncé leur arrivée sur le marché israélien provoquant des vagues d’espoir de baisses des prix au sein de la population. Demain, Casino et Intermarché pourraient leur emboiter le pas. Et si les gagnants n’étaient pas ceux que l’on croit ? Ces chaînes de supermarché vont-elles réellement faire baisser les prix en Israël? Le gouvernement est-il réellement en mesure de bloquer l’inflation galopante ou s’agit-il seulement d’annonce à visée électoraliste?

Selon la spécialiste en économie Yaëlle Ifrah, l’entrée des nouveaux venus ne devrait pas fondamentalement changer la donne. « On n’est pas près de voir les prix baisser. L’entrée sur le marché de ces acteurs n’est pas suffisante pour une raison simple:  Carrefour va rentrer dans un modèle de franchise – c’est à dire en partenariat avec Electra Consumer Products et sa filiale Yenot Bitan pour s’installer en Israël », a-t-elle souligné. « Les monopoles vont perdurer, ils n’ont aucun intérêt à baisser des prix sur lesquels ils s’entendent et s’enrichissent allègrement ».

« Les supermarchés », explique-t-elle, « ne disposeront pas de levier pour pouvoir faire baisser les prix puisqu’ils vont acheter auprès de ces mêmes producteurs israéliens (Strauss, Tnuva, Osem) qui pratiquent des prix insensés ».

« Je n’attends pas du tout de révolution sur les prix »

Cette déclaration met à mal les propos du Premier ministre israélien qui affirmait lors du conseil des ministres que l’arrivée de la chaîne de supermarchés française Carrefour en Israël aurait un effet positif sur le coût de la vie dans le pays. Si les pouvoirs publics n’ont qu’un pouvoir limité sur l’inflation, le fonctionnement des Israéliens reste lui aussi relativement passif.

Les consommateurs, accros à leur carte bleue, ne semblent pas disposés à changer leur mode de vie. Et finalement, alors que le pays entier voit l’arrivée de nouveaux acteurs comme une manière de faire baisser les prix, il se pourrait que ces acteurs eux-mêmes profitent de la méthode de consommation à l’israélienne.

Mme Ifrah soutient que les ultra-orthodoxes devraient être un exemple pour les Israéliens car ils n’ont pas d’exigence de marque et d’habitudes ancrées qui les poussent à consommer tel ou tel produit, quel que soit son prix.

« Ils n’ont pas le culte des marques car leurs critères sont liés à telle ou telle certification cachère, parfois au soutien d’un mouvement hassidique à une entreprise dont le dirigeant a fait des dons ou est lié à cette communauté. Les Israéliens sont, eux, éduqués à consommer tel produit, uniquement. Une affaire d’histoire, de culture », explique-t-elle souvent.

Elle affirme que malgré les mesures potentielles que pourrait adopter le gouvernement, les lois demeurent inappliquées.

« Le gouvernement pourrait par exemple baisser les taxes douanières pour favoriser les importations, et donc la concurrence, et baisser la TVA sur les produits de première nécessité. Le problème est que l’Etat est « addict » aux recettes fiscales », a-t-elle déploré.

« Il pourrait aussi faire pression sur la société d’électricité pour qu’elle n’augmente pas ses tarifs, même chose pour l’essence. Il pourrait enfin favoriser les importations de fruits et légumes, aujourd’hui aux mains du lobby ultra puissant des agriculteurs », a encore préconisé Mme Ifrah.

Le taux d’inflation dans le pays ne cesse d’enfler, posant la problématique de la vie chère comme parmi la principale préoccupation des Israéliens. Par rapport au même mois de l’année dernière, le taux d’inflation est de 4,4 %, soit le taux le plus élevé depuis 2008. Si la grande distribution est concernée et « continue allègrement de s’enrichir sur le dos du consommateur », cette hausse des prix touche également d’autres secteurs, comme l’énergie (+16,6%), selon les derniers chiffres publiés par le Bureau central des statistiques.

SOURCE ET COPYRIGHTS. I24NEWS.
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