C’est un concours un peu particulier qui s’est déroulé à Jérusalem : celui de « Miss rescapée de la Shoah ». Il est organisé depuis environ dix ans par l’association Yad Ezer La-Haver (« Une main tendue à un ami », en hébreu) et n’avait plus eu lieu depuis 2018. Dix femmes âgées de 75 à 95 ans, qui ont été choisies parmi des centaines de personnes, ont raconté leur histoire auprès du public présent et du monde entier. Le public a ensuite voté pour désigner la reine de beauté. L’ensemble du concours peut être revu à cette adresse.

Interrogé par The Daily Beast, le dirigeant de l’association Shimon Sabag a retracé l’origine d’un tel concours. L’idée s’est imposée lorsqu’une survivante de la Shoah, Shoshana Kolmer, a raconté à la psychiatre Isabella Greenberg qu’elle devait participer à un concours de beauté dans sa jeunesse, mais qu’elle fut déportée à Auschwitz après l’invasion de la Hongrie par les nazis. « Elle a eu l’impression que son enfance s’est arrêtée à ce moment là ». La soignante a alors suggéré que le fait de s’habiller et de se maquiller pourrait donner un coup de pouce moral aux survivants de la Shoah. L’idée d’un concours de beauté était née. Pendant une semaine, les participantes se font ainsi choyer par des spécialistes en maquillage, mode et coiffure.

Un concours qui provoque des remous.

« Cela semble étrange, des femmes de 80 et 90 ans [dans un concours de beauté], mais je me suis rendu compte qu’elles pouvaient le faire tout autant qu’une jeune fille de 18 ans. Il ne s’agit pas d’un concours de beauté extérieure, mais d’un concours où chaque concurrent dit : ‘J’étais à Lodz [en Pologne], j’ai réussi à survivre et à élever une famille, je fais du bénévolat, j’ai l’impression d’avoir vaincu les nazis et d’être en vie et en pleine forme. Cela leur donne une motivation pour la vie », explique Shimon Sabag. Le concours a eu lieu au musée des amis de Sion à Jérusalem et a été financé par Mike Evans, un évangéliste.

Chaque année, l’organisation de cette compétition provoque des remous en Israël. « Je trouve ça macabre. Un concours de beauté ne va pas donner plus de sens à leur vie », avait par exemple estimé il y a plusieurs années, Colette Avital, présidente d’un groupe d’aide aux survivants. « Pourquoi faire un concours de beauté pour montrer que ces personnes ont survécu et qu’elles sont courageuses? » se demande aussi Lili Haber, la fille d’un rescapé des camps et dirigeante d’une association d’aide aux survivants originaires de Pologne.

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