C’est un véritable partenariat technologique qui va se mettre en place entre les Etats-Unis et Israël. L’annonce a été formalisée à l’occasion de la visite de Joe Biden, mais le travail a débuté bien avant. On pourrait croire, à première vue, que les deux pays sont depuis longtemps déjà des partenaires dans le domaine de la technologie, que ce soit au niveau des Etats, de la recherche, ou de l’économie. Mais cette annonce repose sur de vraies nouveautés.

D’abord, Israël est le 4e pays à développer un partenariat avec les Etats-Unis dans les domaines du quantique et de l’intelligence artificielle. Des secteurs de recherche qui ont l’un et l’autre des répercussions stratégiques colossales. D’ailleurs le dialogue va s’opérer au niveau des conseils de sécurité nationale, l’instance la plus élevée et la plus proche des dirigeants des deux pays.

Pourquoi cet intérêt américain pour le partage d’information et de recherche avec Israël sur des secteurs aussi pointus ? D’abord bien sûr parce que chacun des deux alliés stratégiques peut bénéficier des avancées de l’autre, mais surtout parce que Washington veut freiner et limiter tout rapprochement entre la Chine et Israël sur des domaines aussi sensibles. Cela fait déjà plusieurs années que les Etats-Unis s’inquiètent de l’entrée de la Chine dans l’économie israélienne et sa participation dans des domaines aussi stratégiques que les ports ou les équipements.

Cette fois, Washington se donne les moyens de veiller à ce qu’Israël lui réserve la primeur sur ses travaux quantiques et d’intelligence artificielle et surtout borde tout risque d’ingérence chinoise dans des domaines aussi sensibles. Les Américains s’inquiètent des usages de ces technologies, qui peuvent facilement avoir des applications militaires et donc menacer les intérêts stratégiques spécifiques des Etats-Unis. Le Premier ministre Yaïr Lapid a d’ailleurs précisé qu’Israël s’engageait ainsi avec son partenaire américain à « protéger des technologies vitales en conformité avec les intérêts nationaux, les valeurs démocratiques et des droits de l’homme et les défis géostratégiques ».

Une première délégation américaine est attendue cet automne pour concrétiser cette coopération. Ce qui devrait aussi permettre de prévenir d’autres épisodes du type de l’affaire NSO et du logiciel espion israélien Pegasus, qui a perturbé les relations bilatérales, quand les Etats-Unis avaient décidé de mettre la firme israélienne sur sa liste noire des entreprises interdites sur le marché américain.

Mais ce partenariat technologique israélo-américain ne se limitera pas là et va s’étendre à d’autres domaines, tels que le changement climatique et les politiques sanitaires, deux enjeux qui sont devenus prioritaires à l’échelle mondiale. On voit à quelle vitesse et avec quelle ampleur les modifications du climat, comme les épisodes de pandémie, tels que celui du Covid, bouleversent les équilibres mondiaux. Et dans ces domaines aussi, les deux pays peuvent bénéficier mutuellement de leurs recherches et de leurs avancées technologiques pour prévenir ou limiter de nouvelles crises. Là encore, l’innovation israélienne peut se révéler un atout si elle est complétée par la capacité américaine à la développer.

Ce rapprochement israélo-américain à travers un nouveau partenariat technologique s’inscrit dans le cadre plus large du partenariat stratégique que les deux pays doivent également réaffirmer à l’occasion de la présence de Joe Biden à Jérusalem.

Pascale Zonszain. RADIO J. COPYRIGHTS.

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