L’attaque perpétrée à la voiture bélier puis à l’arme blanche à l’entrée d’un centre commercial de Beer Sheva a fait quatre tués. Le terroriste a été neutralisé par deux passants armés. Cela faisait sept ans que la capitale du Néguev n’avait plus connu d’attentat. Mais il ne s’était écoulé que deux jours depuis la dernière attaque à l’arme blanche, à Jérusalem, où deux policiers avaient été blessés, alors qu’ils protégeaient une intervention de pompiers dans un quartier est de la ville. Et samedi matin, c’est un jogger qui avait été légèrement blessé, dans le centre de la capitale. D’autres attaques ont eu lieu début mars en vieille ville et au nord de Jérusalem. Jusque-là, elles n’avaient fait que des blessés.
L’attentat à Beer Sheva est le septième depuis le début du mois, et il semble correspondre au même scénario d’un acte terroriste isolé. Mais il est à craindre qu’il produise un phénomène d’émulation, comme c’est souvent le cas quand une attaque se solde par un bilan mortel. Et il y a aussi le contexte. Cela fait déjà plusieurs semaines que les services de sécurité craignent une escalade. Plusieurs opérations récentes des forces de sécurité israéliennes en territoire palestinien pour l’arrestation de terroristes ont donné lieu à des accrochages, qui ont fait plusieurs tués côté palestinien.
Par ailleurs, le mois de Ramadan commence dans quelques jours, et il constitue toujours une période sensible. C’est à cette époque l’année dernière que s’était amorcée l’escalade qui avait débouché sur les émeutes dans les villes mixtes et la confrontation avec le Hamas. Et on sait que les mosquées du Mt du Temple sont le premier point de friction et celui qui sert de départ ou de prétexte à l’embrasement. C’est pour cela que le roi Abdallah de Jordanie doit se rendre à Ramallah en début de semaine prochaine, pour discuter avec le chef de l’Autorité Palestinienne des moyens de désamorcer les tensions. Le souverain jordanien avait d’ailleurs déjà reçu il y a une dizaine de jours le ministre israélien des Affaire étrangères Yaïr Lapid, pour lui demander de ne pas autoriser de visiteurs juifs sur le Mt du Temple durant le mois de Ramadan, même s’il coïncide avec la fête de Pessah.
Sans compter que le Hamas poursuit et intensifie sa campagne d’incitation, non seulement auprès des Palestiniens, mais aussi des Arabes israéliens qu’il essaie à nouveau d’entrainer dans une spirale de violence, exactement comme il l’avait fait l’an dernier. Et l’auteur de l’attentat de Beer Sheva est justement un Bédouin israélien du Néguev, de surcroit déjà condamné à 4 ans de prison pour son soutien à Daech. Il appartient de surcroit à une importante tribu bédouine, déjà connue pour ses liens avec le Hamas, et qui compte plusieurs auteurs d’attaques terroristes. Il y a d’ailleurs parmi eux un certain nombre de familles dont les membres sont aussi des Palestiniens de la région de Hébron. La région du Néguev est en proie depuis plusieurs années maintenant à la violence de certains clans bédouins, violence interne qui déborde aussi sur les localités juives.
Cela fait donc beaucoup d’ingrédients détonants et qui inquiètent les services de sécurité israéliens. Dans un premier temps, il faut s’attendre à un renforcement du déploiement policier dans la région du Néguev, mais aussi au-delà. En espérant que cela suffira à enrayer l’escalade.
Radio J.
Pascale Zonszain