Parmi les images choc du conflit en Ukraine, on a pu voir des reportages sur les femmes qui combattent en première ligne, ce qui va à l’encontre des vieux clichés qui réservaient la guerre aux hommes et le soin du foyer aux femmes.
Pourtant, dès l’antiquité, on racontait les prouesses des Amazones, aussi courageuses et qualifiées au combat que leurs homologues masculins. Ces exploits passaient pour légendaires, mais des fouilles scientifiques effectuées il y a deux ans ont démontré leur réalité.
Mais ce qui passait à l’époque comme un mythe a eu des répercussions étonnantes. Ainsi, en 1539, quand le conquistador Pizarro a envoyé une expédition du Pérou pour reconnaître ce qui allait devenir le Brésil, celle-ci fut attaquée le long d’un gigantesque fleuve par une tribu de femmes guerrières, ce qui fait que les Portugais le baptisèrent « Amazonie ».
Et au XVIIIème et XIXème siècle, un tiers des armées du Dahomey (maintenant le Bénin) était composé de femmes qui ont été ainsi surnommées par les Occidentaux « Les amazones du Dahomey ».
Donc, il y a bien dans le passé des guerrières. Tout récemment, des études poussées ont même prouvé, sur un site funéraire scandinave connu, que le chef viking qui y était enterré avec ses armes était une femme.
Il y eut aussi des cheffes de guerre et en Grande Bretagne, les forces romaines eurent forte affaire avec celles de la Reine Boadicée qui lança une campagne militaire au sud de l’île, pillant même Londinium avant d’être défaite par une armée plus importante et mieux entraînée que la sienne. Elle mourut peu de temps après et encore aujourd’hui, elle est considérée comme une héroïne populaire britannique et une statue la représentant sur son char a été érigée à proximité du pont de Westminster.
A partir du Moyen-Âge en Europe, les femmes ont été maintenues loin des combats avec quelques exceptions en France, tant locales que nationale. A Beauvais en juin 1472, une jeune femme, Jeanne Laisné, saisit une hache lors du siège de la ville pour repousser un Bourguignon et elle y gagna le surnom de « Jeanne Hachette » et c’est autre jeune femme, Jeanne d’Arc qui prit la tête des armées françaises au service de Charles VII.
Bien plus tard au XVIIIème siècle, la seule présence féminine dans les armées était officieuse, il s’agissait des vivandières, des cantinières et des blanchisseuses qui procuraient aux soldats de quoi améliorer l’ordinaire et entretenaient le linge, qui devait être impeccable à la revue. Beaucoup de témoignages ont relevé leur courage et leur dévouement, mais, dans la deuxième moitié du XIXème siècle, la virilité devint la valeur exclusive française et dans ce climat où l’homme constituait l’alpha et l’omega de l’armée, la présence d’une femme « militaire » constituait un sacrilège et ces femmes, qui apportait un peu d’humanité durent disparaître.
Les choses changèrent durant la seconde guerre mondiale durant laquelle les femmes ont participé de manière active à la résistance, ce qui fait que dans la deuxième moitié du siècle, des pays commencèrent à les intégrer activement dans les armées. Dès 1949, la loi du service de défense en Israël incluait les femmes dans la conscription et il y existe maintenant des régiments mixtes où il n’y a plus la moindre différence entre les deux genres.
En France, ce n’est qu’en 1999, qu’une femme pilote de chasse à pu être affectée au sein d’un escadron de combat de l’Armée de l’air, mais elle avait un nom prédestiné, elle s’appelait Caroline Aigle.
Mais ceci n’empêche pas le monde militaire d’être dirigé par des hommes qui considèrent les femmes que comme forces supplétives (au mieux).
D’autre part, la question peut se poser de savoir si celles-ci peuvent, dans leur ensemble, intégrer le couple « conflit / violence » qui est le fondement d’une société dominée par les hommes ?
Je laisse la réponse à d’aucuns (ou d’aucunes) plus compétent(e)s que moi.
Auteur : Gilles Lenormand.