Les israéliens qui connaissent parfaitement l’état des banques Russes n’ont pas été étonnés. Le ministère des Finances russe a annoncé, jeudi 17 mars, avoir procédé au paiement de plus de 117 millions de dollars d’intérêts à ses créanciers internationaux. Le versement éloigne – pour l’instant – le spectre d’un défaut de paiement russe.
Selon Courrier International : « La communauté financière internationale avait les yeux rivés sur le calendrier. Et particulièrement sur le mercredi 16 mars, date limite de paiement d’une tranche de 117 millions de dollars d’intérêts sur des obligations russes, due par Moscou à ses créanciers internationaux.
Asphyxiée financièrement par l’Occident après l’invasion de l’Ukraine, la Russie allait-elle disposer des fonds nécessaires ? Allait-elle payer en roubles ou en dollars ? Pouvait-elle décider de ne pas honorer sa dette, en représailles des sanctions internationales imposées à son économie ?
Moscou s’est rendu compte que “le prix d’un défaut de paiement serait beaucoup plus élevé” qu’une échéance de 117 millions de dollars et a préféré payer ses dettes, analyse le stratège en investissement Timothy Ash sur le site de CNBC.
Le ministre des Finances russe, Anton Silouanov, a confirmé jeudi que le paiement “avait été envoyé à une banque intermédiaire étrangère le 14 mars 2022, et avait été exécuté”, rapporte The Moscow Times. M. Silouanov avait envisagé d’effectuer le règlement en roubles – une monnaie dont la valeur s’est effondrée depuis l’invasion de l’Ukraine – mais s’est ravisé “car le contrat des obligations ne l’autorisait pas”.
Des réserves de 630 milliards de dollars.
La banque intermédiaire, JP Morgan, a confirmé jeudi avoir reçu les fonds et les avoir transférés à sa consœur Citigroup, chargée de payer les créanciers. JP Morgan s’est néanmoins fendue d’un coup de fil au Trésor américain, pour s’assurer qu’elle n’était pas hors la loi en manipulant de l’argent russe.
Mais “les sanctions américaines ne sont pas un obstacle aux paiements de la Russie en dollars”, précise le Washington Post. “Le ministère des Finances a publié une directive début mars autorisant les investisseurs américains à recevoir des intérêts sur la dette russe jusqu’au 25 mai.”
Pour le quotidien américain, le paiement de Moscou “a mis fin à une période d’incertitude” quant à la capacité du gouvernement russe “à rester en conformité avec les termes de ses obligations”, objet de nombreuses spéculations ces derniers jours.
“En théorie, la Russie ne manque pas d’argent. Au moment d’entrer en guerre contre l’Ukraine, elle avait accumulé l’équivalent de plus de 630 milliards de dollars de réserves de devises étrangères, qu’elle utilise en temps normal pour payer ses dettes, remarque le Wall Street Journal. Mais les sévères sanctions américaines contre la banque centrale russe et le ministère des Finances ont soulevé la question de savoir ce que la Russie est autorisée à faire avec ces réserves.”
Nouvelles échéances.
Quel que soit le coffre dans lequel elle a puisé pour honorer sa dette, la Russie a vu s’éloigner jeudi le spectre d’un défaut de paiement, qui aurait provoqué “un choc allant bien au-delà de l’aspect purement financier” car, “dans le système monétaire moderne, la dette souveraine est généralement considérée comme l’actif le plus sûr”, observe The Guardian.
“Les défauts de paiement russes ont secoué le système financier mondial à deux reprises dans l’histoire moderne, rappelle le quotidien britannique. En 1917, les bolcheviques avaient refusé d’honorer les dettes de l’empire tsariste” et “en 1998, durant la crise financière qui a marqué l’accession au pouvoir de Vladimir Poutine, la Russie avait fait défaut sur sa dette intérieure et quelques dettes étrangères de l’ère soviétique.”
Mais Moscou n’est pas pour autant tiré d’affaire car “trois nouvelles échéances approchent”, avertit El País. La Russie doit encore s’acquitter de 614 millions de dollars en mars, et plus de 2 milliards de dollars en avril – “les investisseurs resteront attentifs et verront si elle peut continuer à payer”.