Le ministre israélien des Affaires étrangères, Yaïr Lapid, a continué lundi d’exhorter les Israéliens à quitter l’Ukraine le plus vite possible alors que la Russie semble menacer d’envahir l’allié de l’Otan.
« Mieux vaut prévenir que guérir », a déclaré M. Lapid en anglais lors d’une réunion à la Knesset avec sa faction Yesh Atid. Il a affirmé qu’après une « longue » conversation avec son homologue britannique Liz Truss, il n’est pas certain que les efforts diplomatiques aboutissent : « Il y a une réelle possibilité de guerre », a-t-il ajouté.
« Si la guerre éclate, il sera beaucoup plus difficile de prendre l’avion. Ce sera encore relativement facile pour aujourd’hui ou les deux jours suivants », a-t-il prévenu. Selon M. Lapid, l’Etat hébreu est prêt à transporter par avion tout citoyen et tout juif ukrainien qui le souhaite, et envisage d’ouvrir une deuxième mission diplomatique à Lviv, à l’ouest de l’endroit où les combats sont attendus, pour aider à l’effort d’évacuation. Les Israéliens d’Ukraine, dont beaucoup ont la double nationalité, ont jusqu’à présent choisi de rester sur place.
i24News.
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Vu de Russie.
Une guerre imminente dans l’est de l’Ukraine ?
Une évacuation massive de la population civile vers la Russie a commencé le 18 février, parallèlement à une mobilisation générale. Selon la presse russe, Kiev s’apprêterait à attaquer le Donbass : ce serait une erreur fatale.
L’escalade se poursuit dans la crise ukrainienne et la guerre médiatique également. La presse russe se fait l’écho d’informations alarmistes dans les régions sécessionnistes de l’Ukraine. Ainsi, le 18 février, les républiques populaires de Donetsk (RPD, 2,4 millions d’habitants) et de Lougansk (RPL, 1,4 million d’habitants), les deux États sécessionnistes situés dans l’est de l’Ukraine, autoproclamés indépendants en 2014, ont annoncé une “évacuation massive de civils vers la Russie”, rapporte le quotidien russe Izvestia.
Cette décision intervient sur fond d’une intensification des tirs et les bombardements mutuels dans la région de Donbass entre les forces armées ukrainiennes et les sécessionnistes prorusses.
Au matin du 19 février, près de 7 000 personnes ont été évacuées par autobus et par trains vers la région russe de Rostov (frontalière avec l’Ukraine), rapporte le journal en ligne Vzgliad. Le journal pro-Kremlin précise que d’autres régions, “d’Orenbourg, Penza, Yakoutie, Bachkortostan et [la république sécessionniste géorgienne] d’Abkhazie [indépendante de fait depuis 2008] sont prêtes à accueillir les réfugiés”.
Selon le journal économique Vedomosti, la Russie “s’apprête à évacuer jusqu’à 700 000 civils de la république populaire de Donetsk”.
Par ailleurs, les dirigeants des républiques populaires de Donetsk et de Lougansk, Denis Pouchiline et Leonid Passetchnik, ont proclamé la “mobilisation générale”, relate le quotidien moscovite Kommersant. Pouchiline a déclaré que “la république pourra contenir l’agression de Kiev, quel que soit le déroulement des événements”. Selon lui, “plusieurs attaques terroristes des services spéciaux ukrainiens ont été déjouées ces derniers jours”. “Nous sommes visés par des mortiers, des lance-grenades, des systèmes de missiles antichars, des mitrailleuses de gros calibre, des armes légères, de l’artillerie à canon et des chars”, a-t-il ajouté.
Selon le ministre de la Défense ukrainien, Alexeï Reznikov, cité par la Nezavissimaïa Gazeta, “entre 35 et 37 000 soldats ukrainiens sont concentrés dans le Donbass, soit autant d’hommes que les milices populaires de la RPD et RPL” et “non pas 120 000, comme l’affirme la Russie”. Au même moment, le chef des forces armées ukrainiennes Valeriy Zaloujny assurait : “Les autorités militaires et politiques de l’Ukraine n’envisagent et ne planifient pas d’offensive dans l’est du pays”, écrit Vzgliad.
Une “mauvaise nouvelle” pour le régime de Kiev
Dans un autre article, Vzgliad rapporte que “le ministère de la Défense de la RPD dispose d’un plan d’attaque des forces armées ukrainiennes”. Carte à l’appui, “procurée par les services de renseignement” des républiques sécessionnistes, le chef des forces d’autodéfense de la RPD Edouard Bassourine affirme que les hostilités “commenceront par une frappe d’artillerie, puis l’attaque se développera dans trois directions”.
Viatcheslav Volodine, président de la Douma, la chambre basse du Parlement russe, a accusé le président de l’Ukraine Volodymir Zelensky de “provoquer une grande guerre”, rapporte le média Lenta.ru. Volodine est certain que “sans le soutien extérieur [des États-Unis], Zelensky n’aurait pas osé faire des pas qui peuvent conduire à une grande guerre au centre de l’Europe”.
Les tirs nourris vers les républiques populaires “pourraient provoquer le début des hostilités”, présage de son côté la Nezavissimaïa Gazeta. Ce serait une “mauvaise nouvelle pour le régime de Kiev”, croit savoir le site d’analyse stratégique Fond Strateguitcheskoï Koultoury. “L’anéantissement total de l’armée ukrainienne deviendrait inévitable si elle attaquait le Donbass”, poursuit le média qui conclut : “Le rapport des forces dans le monde en serait changé et les conditions seraient réunies pour que l’Occident reconnaisse une réalité géopolitique nouvelle, dont la principale caractéristique serait la domination de la Russie sur son espace historique originel. Cette domination plus personne ne pourrait contester.”
Quant au “projet Ukraine”, son sort “ne sera pas enviable car ce projet, ayant prouvé son incapacité totale à tenir tête à la Russie, deviendra inutile pour l’Occident”, augure Fond Strateguitcheskoï Koultoury.
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