Après l’Assemblée nationale à l’unanimité le 25 janvier, le Sénat dominé par la droite a validé ce texte à main levée, sous les applaudissements de ces héritiers ou de leurs représentants présents en tribune.
« C’est une première étape » car « des œuvres d’art et des livres spoliés sont toujours conservés dans des collections publiques. Des objets qui ne devraient pas, qui n’auraient jamais dû y être », a répété la ministre de la Culture Roselyne Bachelot. Les recherches sur la provenance des collections se sont accélérées.
Elle se félicite d’une loi « historique » par laquelle, pour la première fois depuis soixante-dix ans, « un gouvernement engage une démarche permettant la restitution d’œuvres des collections publiques spoliées pendant la Seconde Guerre mondiale ou acquises dans des conditions troubles pendant l’Occupation, en raison des persécutions antisémites ». Un projet de loi était nécessaire pour déroger au principe d’inaliénabilité des collections publiques.
La sénatrice Esther Benbassa (non inscrite), historienne spécialiste du peuple juif, a relevé l’importance de ce vote « à l’heure où certains tentent de réhabiliter le régime de Vichy dans le débat public », en allusion à Éric Zemmour, candidat d’extrême droite à l’Élysée.
Selon la rapporteure Béatrice Gosselin (LR), les spoliations ont été « l’un des volets de la politique d’anéantissement des juifs d’Europe conduite par le régime nazi » et « sans en être l’instigateur, le régime de Vichy a également collaboré à ces crimes de manière active ».
« Rosiers sous les arbres » de Gustav Klimt (musée d’Orsay), « Carrefour à Sannois » d’Utrillo (musée Utrillo-Valadon) ou encore « Le Père » de Chagall font partie des 15 œuvres qui seront restituées aux héritiers de familles juives. Pour 13 des 15 œuvres, les ayants droit ont été identifiés par la Commission pour l’indemnisation des victimes de spoliations (CIVS), créée en 1999.
La France a longtemps été accusée de retard par rapport à plusieurs voisins européens en matière de réparation. Une mission de recherche et de restitution des biens culturels spoliés entre 1933 et 1945 a été créée au sein du ministère de la Culture il y a deux ans.
100.000 œuvres d’art auraient été saisies en France durant la guerre de 1939-1945, selon le ministère de la Culture. 60.000 biens ont été retrouvés en Allemagne à la Libération et renvoyés en France. Parmi eux, 45.000 ont été rapidement restitués à leurs propriétaires. D’autres circulent actuellement sur le marché de l’Art.
Source : La voix du Nord