Que ce soit en France où Israël, pourquoi et comment traiter l’hypertension artérielle, la chronique du docteur Serge Rafal.

Sujet effectivement d’importance car l’hypertension artérielle est sans doute la maladie la plus fréquente dans la société. On estime que près de 10 millions de Français ont des chiffres trop élevés et que sa fréquence augmentant avec l’âge, les ¾ des personnes hypertendues ont plus de 60 ans. Il ne fait pas bon être sexagénaire et plus, en ce moment. Et moins de 50% des patients suivent correctement leur traitement après 6 mois, ce qui les met indiscutablement en danger et nous impose à nous médecins plus de vigilance et de persuasion pour améliorer l’observance.

Un patient est dit hypertendu lorsque sa pression artérielle, la pression du sang dans les artères, est trop élevée, c’est-à-dire supérieure à 140/90 mm de mercure, 14/9 si vous préférez. Cette mesure tensionnelle doit être prise au repos, en dehors de toute situation de stress, sur un patient allongé depuis 2-3 minutes.

Le simple fait de devoir se faire prendre la tension artérielle en consultation crée un stress chez certains patients et augmente les chiffres attendus, ce que nous appelons précisément l’effet blouse blanche. L’hypertension artérielle mesurée en cabinet doit donc être confirmée par des mesures ambulatoires (Mapa ou automesures) plus fidèles et ainsi plus intéressantes : la prise de la tension artérielle à domicile, 3 fois de suite, à 1 minute d’intervalle, matin, midi et soir, 3 jours de suite, dans les mêmes conditions. L’augmentation alors constatée des chiffres signe l’hypertension artérielle. Dans certains cas limites, on peut s’aider d’un holter tensionnel, prise automatique de la TA toutes les 15 minutes pendant 24h à l’aide d’un brassard relié à un boitier électronique. Si la majorité des chiffres est élevée, on parle d’hypertension artérielle et le traitement s’impose.

L’hypertension artérielle expose à des risques importants, c’est la raison pour laquelle une hypertension artérielle avérée doit absolument être traitée, même si elle est peu symptomatique, ce qui est fréquemment le cas. Elle expose en effet à des complications immédiates (IDM, AVC) ou tardives (insuffisance rénale ou cardiaque, problèmes aux yeux = rétinopathie) possiblement graves.

Il y a en gros, 2 grands groupes de malades : – Ceux les plus fréquents (90%) chez lesquels aucune cause n’est retrouvée. L’hypertension artérielle est expliquée par une perte de souplesse de la paroi des artères avec l’âge, certaines maladies ou mauvaises habitudes (diabète, IC, surpoids, sédentarité, tabagisme, alcoolisme, toxicomanie) ; – Et ceux peu nombreux (10%) chez lesquels une cause, qu’il faut absolument traiter, est à l’origine de l’hypertension artérielle : coarctation (= sténose d’une partie) de l’aorte, rétrécissement sur une ou les artères rénales, tumeur surrénalienne, la glande du stress.

Aucun traitement pharmacologique ne doit être institué à la légère car il engage la vie et la qualité de vie du patient. Il faut donc d’abord corriger les erreurs hygiéno-diététiques pendant qqs semaines : – Diminuer les apports quotidiens en sodium (pas plus de 5g/jour) et augmenter ceux en potassium (fruits crus- avocat, banane, grenade-, fruits secs-abricot, banane, pomme-pruneau-, oléagineux-amande, noisette, noix-, – Eliminer ou réduire le surpoids, – Stopper le tabac, – Limiter l’alcool, – Conseiller une activité physique régulière. Et seulement si ces mesures sont insuffisantes, proposer un traitement médicamenteux avec généralement une bithérapie, nous disposons de 5 classes thérapeutiques.

Descendre les chiffres sous 130-140 pour la systolique (en fonction de l’âge) et 80 pour tous les malades. L’accent doit être mis sur l’efficacité du traitement et bien sûr son observance qui est reconnaissons-le, insuffisante à moyen et à long terme.

L’hypertension artérielle est une maladie singulière qui fait généralement peut souffrir mais dont les complications peuvent être redoutables. Attention à ne pas être foudroyé par une trop haute tension. Ca tient aussi un peu à vous.

Radio J.
Partager :