Aucune raison de se priver du chocolat, la chronique du docteur Serge Rafal.
Dans une actualité si stressante avec un Omicron qui met une pagaille monstre dans nos vies, qui n’a tenté de se calmer avec un morceau de bon chocolat, l’aliment anti-déprime par excellence, rapporté en Europe je vous le rappelle par les Conquistadors.
Il a beaucoup évolué depuis cette époque puisque les Mayas puis les Aztèques le mélangeaient à de la purée de maïs et à des épices pour l’adoucir. Les Espagnols ont eux supprimé le maïs, l’ont sucré au lieu de le saler, ont remplacé les piments par de la vanille. Le bon chocolat est de nos jours un super-aliment, le cacao qui permet sa fabrication contient en effet plus d’une centaine de composés dont certains sont fort intéressants pour la santé : des minéraux (Cu, fer, magnésium, Mn, phosphore, Zn), des vitamines (A et beaucoup de B), une substance proche de la caféine, la théobromine, tonique et euphorisante, et surtout des polyphénols aux remarquables propriétés antioxydantes. Et comme ces derniers représentent près de 20% du poids des fèves, il est facile d’imaginer les vertus-santé indiscutables d’un bon chocolat, riche en cacao. Souvenons-nous d’ailleurs qu’il était vendu en pharmacie, jusqu’au début du XIXème siècle avant d’en sortir et de devenir l’aliment-plaisir que nous connaissons.
C’est vrai, il ne contient pas que du cacao, il y a aussi des ingrédients moins nobles. Le cacao est de plus en plus cher, pour des raisons géopolitiques et climatiques (dont le réchauffement). Originaire d’Amérique du Sud, je l’ai dit, il est à présent majoritairement produit en Afrique, principalement au Ghana et en Côte d’Ivoire. Les industriels ont tendance à rajouter aux fèves du lait, du sucre, des céréales… pour baisser son prix de revient et malheureusement réduire voire parfois anéantir ses propriétés-santé. Le chocolat au lait (lequel est en poudre) ou le blanc (20% de beurre de cacao, lait en poudre, sucre, lécithines), n’ont évidemment pas les vertus d’un chocolat noir à 70% de bon cacao.
Le chocolat est bon au goût donc bon pour le moral, c’est vraiment l’aliment antidépresseur et anti-stress. De nombreuses études montrent qu’il augmente la production de nos propres morphines (= endorphines) et de la sérotonine, un des principaux neurotransmetteurs des troubles de l’humeur. Et en réduisant l’inflammation et l’agrégation plaquettaire grâce à ses flavonoïdes, il est bénéfique pour le système cardio-vasculaire et réduit l’hypertension artérielle grâce à sa teneur en catéchines qui dilatent les vaisseaux sanguins et permettent de combattre le décl (il augmente la concentration et renforce la mémoire). Enfin, contrairement à ce qui est parfois avancé, il stimule le transit intestinal.
C’est confirmé par une étude sérieuse mais cocasse où l’on a donné à des volontaires des gélules qui contenaient au gramme près l’ensemble de ses ingrédients. La plupart des participants ont signalé que les effets obtenus étaient bien inférieurs à ceux qu’ils observaient lorsque le chocolat fondait voluptueusement sous leur langue. Ses propriétés ne sont donc pas liées uniquement à sa composition mais également au fait qu’il est tout simplement bon à déguster… comme la petite madeleine de Proust ou une bouchée de gâteau au fromage.
Bien sûr c’est calorique puisqu’un chocolat noir à 70% contient pour 100g, 10g de protéines, 27g de sucres et 47g de graisses dont les 2/3 sont saturées. Il est d’ailleurs, contrairement à ce que l’on pense, plus calorique qu’un chocolat au lait qui est moins gras mais plus sucré.
3 carrés par jour d’un très bon chocolat noir, mais pas plus, font partie de l’indispensable plaisir de manger et de nos recommandations-santé.
Je citerais Mme de Sévigné qui disait « Avec un morceau de chocolat en bouche, les plus méchantes compagnies vous paraissent bonnes ». Aliment-santé, aliment-plaisir et même aliment-bienveillance. Aucune raison donc de s’en priver mais en privilégiant toujours la qualité à la quantité.
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