Découverte écologique contre le coronavirus : le Prof. Alexander Golberg, de l’Ecole des Sciences de l’environnement de l’Université de Tel-Aviv, et l’équipe de son laboratoire ont découvert qu’une substance naturelle appelée «ulvane», extraite d’algues marines comestibles, empêche l’infection des cellules par le coronavirus. Selon les chercheurs, cette découverte pourra être utilisée à l’avenir pour développer un médicament accessible et efficace pour prévenir l’infection par le Covid-19.
Algues dans photoréacteursA l’étude ont également participé les doctorants Shai Sheffer, Arthur Rubin et Alexander Chemodanov du laboratoire du Dr. Golberg, le Prof. Michael Gozin de l’École de chimie et du Centre de nano-sciences et nanotechnologie de l’UTA, ainsi que des chercheurs de l’Université hébraïque de Jérusalem, du Centre médical Meir de Kfar Saba et de l’Institut Southern Research en Alabama, aux États-Unis. Elle a été publiée dans la revue PeerJ.
Une algue aux super-pouvoirs
« Il est clair aujourd’hui que le vaccin contre le coronavirus à lui seul, malgré son efficacité, ne pourra pas empêcher la propagation de la pandémie dans le monde », explique le Prof. Golberg.
« Même si la majorité de la population des pays développés est vaccinée, tant qu’on n’aura pas trouvé de solution pour les milliards de personnes qui n’ont pas accès au vaccin, le virus va continuer de développer de plus en plus de variants, susceptibles d’y résister, et la guerre contre le corona va se poursuivre. C’est pourquoi il est très important, pour l’humanité toute entière, de trouver une solution économiquement abordable et techniquement accessible qui convienne même aux populations économiquement faibles des pays en développement ».
« Dans ce but, notre laboratoire a décidé de tester une substance que nous avions produite au cours de précédentes études : l’ulvane, un extrait d’algues marines comestibles appelées Ulva ou « laitue de mer », couramment consommées dans certains pays, comme le Japon, l’Ecosse, la Nouvelle-Zélande et Hawaï. Des études antérieures ont montré l’efficacité de cette algue contre des virus agricoles et certains virus humains. Nous avons donc cherché à vérifier son effet sur le coronavirus ».
« Il s’agit d’une matière naturelle, dont la production est bon marché, et susceptible d’aider à résoudre un grave problème : la propagation du coronavirus au sein de larges populations, en particulier dans les pays en développement avec un accès limité aux vaccins, situation qui cause de nombreuses victimes et qui est à l’origine du développement accéléré de nouveaux variants. L’étude en est encore à ses débuts, mais nous espèrons que la découverte sera utilisée à l’avenir pour développer un médicament accessible et efficace pour prévenir l’infection par le coronavirus ».
Un optimisme prudent
Pour tester leur hypothèse, les chercheurs ont cultivé des algues Ulva pour en extraire de l’ulvane, et en ont envoyé des échantillons à l’Institut Southern Research en Alabama, spécialisé dans les maladies infectieuses. Les chercheurs américains ont testé l’effet de la substance produite par l’équipe du Prof. Golberg sur un modèle de laboratoire. Les cellules ont été exposées simultanément au coronavirus et à l’ulvane. Il a été constaté qu’en présence de cette dernière, le coronavirus ne parvenait pas à pénétrer dans les cellules. Contrairement aux extraits d’autres algues testées, la substance a réussi à prévenir l’infection par le virus.
Algues production« Les résultats sont très encourageants, mais nous avons encore beaucoup de travail devant nous. La substance a été produite à l’état brut, ce qui signifie qu’elle se présente sous forme d’un mélange de nombreuses substances naturelles, et nous devons découvrir laquelle d’entre elles est responsable de la prévention de l’infection cellulaire. Après cela, nous devrons examiner comment cette substance marche chez l’homme ».
« Nous avons trouvé une substance naturelle, peu coûteuse et facile à produire qui empêche l’infection des cellules par le coronavirus en laboratoire », conclut le Dr. Golberg. « Nos résultats éveillent pour le moment un optimisme prudent. Dans le cas optimal, l’ulvane pourra apporter une solution à un problème urgent et douloureux : la protection contre le coronavirus de milliards de personnes qui n’ont pas accès aux vaccins, ce qui empêchera le développement de nouveaux variants, et contribuera à terme à stopper l’épidémie mondiale, qui a coûté la vie de près de cinq millions de personnes à ce jour ».