Spotify, Skype, King, Mojang, Klarna… mais aussi SoundCloud, Izettle, Truecaller… Toutes ces start-ups devenues des géantes dans leur secteur ont un point commun : elles sont nées en Suède, pays de 10 millions d’habitants parmi les plus taxés du monde, dont l’économie a longtemps fait la part belle à des mastodontes, tels que Volvo, Scania, Ericsson ou Vattenfall.
A la Silicon Valley, Stockholm est l’endroit au monde qui compte le nombre le plus élevé de licornes par habitant. Les figures de proue d’un écosystème qui désormais pèse presque autant que les industries traditionnelles dans le produit intérieur brut du pays (28 milliards d’euros en 2020), et compte pour 6 % des exportations et plus de 200 000 emplois.
Le 4 octobre 2021, le gouvernement a chargé ses agences Vinnova (innovation) et Tillväxtsverige (développement économique et régional) de cartographier les besoins du secteur et de proposer des initiatives pour « renforcer les opportunités de financement des entreprises . Partout dans le pays, les pouvoirs publics soutiennent déjà les start-up, essentiellement dans le cadre d’incubateurs ou d’accélérateurs.
« Les compagnies qui s’y trouvent peuvent bénéficier de différents types de subventions », précise Arash Sangari, responsable du programme Startup Sweden auprès de Tillväxtsverige. L’agence gouvernementale participe aussi à des fonds d’amorçage, permettant aux jeunes pousses d’obtenir des financements en phase précoce.
Mais derrière le succès de la scène tech suédoise se trouve avant tout une génération de jeunes entrepreneurs, qui tous citent la « réforme du PC à domicile » comme un des principaux facteurs de leur réussite. Grâce à cette réforme adoptée en 1997, des dizaines de milliers de Suédois ont pu louer un ordinateur auprès de leur employeur. Ajouter à cela le déploiement de la fibre et un très haut niveau de pénétration des smart phones quelques années plus tard : les conditions étaient réunies pour faire naître des vocations.
Les succès en ont entraîné d’autres. La plupart des entrepreneurs ayant réussi ont fondé leur société d’investissement et n’hésitent pas à soutenir de nouvelles entreprises. Daniel Ek, le cofondateur du site de streaming musical Spotify, s’est ainsi engagé à investir 1 milliard d’euros sur dix ans dans des start-up européennes. « Ce genre de financement joue un rôle très important. C’est vraiment ce qui caractérise le modèle suédois », remarque Arash Sangari.
Mais le secteur met en garde : d’ici à 2024, les entreprises de la tech vont avoir besoin de recruter 70 000 personnes. Pour M. Sangari, il est essentiel que le pays ne s’endorme pas sur ses lauriers et « facilite la venue de jeunes talents étrangers . Car la compétition est féroce et « le royaume risque de se faire rattraper s’il n’y met pas les moyens », constate le responsable de Startup Sweden.
Source : Le Monde