Israël, oiseaux et intelligence artificielle, la chronique de Jean-François Strouf.
C’est le symbole d’une cause qui m’est chère : ce pin’s m’a été offert par le professeur Alexandre Roulin de l’Université de Lausanne, promoteur d’un magnifique projet lié à ce dont nous parlons aujourd’hui et que nous avons déjà présenté sur cette antenne : « Les oiseaux ne connaissent pas de frontière ». Des chouettes bénéficient d’un partage des nichoirs entre agriculteurs israéliens, jordaniens et palestiniens et ces chouettes protègent dans ces trois zones les plantations contre les rongeurs sans le moindre usage de pesticides chimiques qui auraient des conséquences négatives sur les plantations elles-mêmes mais aussi sur les consommateurs de ces produits agricoles. Yossi Lechem est l’ornithologue israélien de l’Université de Tel Aviv, totalement investi dans ces 2 projets et de n’est pas un hasard si l’on reparle de chouettes aujourd’hui !
Un projet unique en son genre mené sous la direction du Dr. Orr Spiegel de l’École de zoologie de l’Université de Tel-Aviv et du Prof. Assaf Shwartz du Technion permet le suivi simultané de centaines d’oiseaux à l’aide d’un minuscule GPS fixé sur leur dos, dans le cadre d’un nouveau système de localisation du nom d’ATLAS, développé par les Prof. Sivan Toledo de l’Ecole des sciences informatiques de l’UTA et Ran Natan de l’Université hébraïque. Le système, installé dans la Vallée de Harod et dans celle de Bet She’an (Emek HaMaayanot) en Israël est le lieu du projet dont je viens de parler.
Ce projet s’appelle ATLAS et a été récemment présenté dans le cadre du premier colloque de l’initiative AI4SocialGood (Intelligence artificielle au service du bien social), commune à l’Université de Tel-Aviv et Google, consacré à la contribution possible de l’intelligence artificielle à la préservation de l’environnement.
Le système Atlas consiste en un minuscule émetteur fixé sur le dos des oiseaux, transmettant des signaux captés par des stations de base, et produisant une énorme quantité de données, analysées aux moyen de technologies d’intelligence artificielle, d’apprentissage automatique et de méthodes de pointe dans le domaine des Big Data. Le système permet de suivre simultanément le trajet précis de plusieurs centaines d’oiseaux. L’émetteur est muni d’une batterie dont la durée de vie va de deux semaines pour les petits d’oiseaux, à plus d’un an pour les espèces plus grandes telles que les chouettes. L’un des avantages technologiques importants du système ATLAS est la taille particulièrement réduite de l’émetteur permettant de le fixer sur des oiseaux et autres animaux, et son faible coût. Il ne pèse que 4% du poids de son porteur.
Ce système innovant permet en fait de suivre les petits animaux avec un niveau de résolution sans précédent », explique le Dr. Spiegel. « On voit soudain les détails, c’est comme mettre des lunettes pour la première fois. C’est une expérience formidable. Nous suivons en parallèle diverses espèces d’oiseaux comme les chouettes, les vanneaux, les faucons, les pics, les passereaux, les corbeaux, les martins-pêcheurs et plus encore ». Donc pour un oiseau qui pèse 100g, le système n’en pèse que 4 g mais la miniaturisation est si puissante qu’on voit les détails les plus infimes !
Le système Atlas est utilisé par exemple pour caractériser le « corridor écologique » de la vallée de Harod, qui permet à des populations différentes de garder de bonnes caractéristiques génétiques par leur passage à travers le corridor.
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Jean-François Strouf