La Knesset et le marathon du Budget.
La semaine folle promise par Naftali Bennett a commencé mardi à la Knesset. Pour les trois jours à venir, les députés israéliens vont vivre en vase clos et tout va se jouer sur l’expérience, l’endurance et la détermination des uns et des autres. Le débat sur le projet de budget qui a débuté hier, est censé s’achever ce soir par les discours du Premier ministre Naftali Bennett, du ministre des Finances Avigdor Liberman, du Premier ministre suppléant Yaïr Lapid et du chef de l’opposition Benyamin Netanyahou. Ensuite les députés passeront au vote des centaines d’articles et d’amendements du projet de Loi de Finances puis de Budget pour 2021 et 2022. Un marathon prévu pour durer 36 heures. Et si tout se déroule comme l’espère la coalition, le Budget sera définitivement adopté vendredi dans la matinée.
Le Premier ministre israélien qui avait réuni vendredi dernier les membres de sa coalition pour une séance de motivation de groupe, les avait avertis qu’ils auraient à affronter toutes les manœuvres et tentatives désespérées, selon ses termes, que lancera l’opposition pour tenter de faire échouer le vote et faire tomber le gouvernement. Vu la configuration de la coalition actuelle, tout va se jouer à une voix de majorité. Il suffira d’une défection d’un ou d’une seule élue d’un des partis de la coalition pour tout faire capoter. Ce qui exigera une vigilance de tous les instants et ne laissera pas de droit à l’erreur. D’ailleurs, les députés n’auront pas le droit d’apporter leur ordinateur portable dans l’hémicycle pour ne pas risquer de fausse manœuvre. On avait vu il y a quelques semaines un parlementaire confondre son ordinateur avec le bouton de vote électronique.
Sur le fond, le projet de Budget, qui doit succéder au précédent, voté en mars 2018, n’est pas vraiment un budget de rupture avec la politique du gouvernement précédent.
Il comporte pourtant quelques réformes importantes, comme le relèvement de l’âge de la retraite pour les femmes, de 62 à 65 ans, une hausse de l’imposition sur l’immobilier d’investissement, la fin des autorisations pour les locations de courte durée, ou encore la création d’une taxe de péage pour l’entrée dans Tel Aviv. D’autres mesures déjà actées sont de nouvelles taxes sur les boissons sucrées ou la vaisselle jetable.
Des réformes qui visent à introduire un changement de comportement dans la population, par souci sanitaire ou écologique, mais qui vont d’abord impacter les secteurs les plus défavorisés. Et qui devraient servir de munition aux partis de l’opposition pour décrédibiliser la politique du gouvernement comme hostile au secteur ultra-orthodoxe et inadapté pour freiner la hausse des prix à la consommation constatée depuis quelques mois.
Le ministre des Finances, Avigdor Liberman se dit en tout cas convaincu que le budget sera adopté. Et face au principe de réalité, les membres de la coalition ont intérêt à préserver le gouvernement. D’autant plus qu’il faudrait trouver 61 députés en faveur d’un autre gouvernement, ce qui, mathématiquement, ne peut se faire sans les élus de l’actuelle majorité. Ce n’est donc pas l’opposition, mais la coalition qui peut rebattre les cartes.
Si le budget passe, l’opposition perdra donc presque toute chance de faire tomber le gouvernement. Tout va se décider dans les prochaines 72 heures, ou au plus tard le 14 novembre.
Pascale Zonszain
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