« Dans le domaine des affaires, nous prévoyons que les relations israélo-chinoises reflèteront en miroir l’intensité de la relation entre Israël et les États-Unis à bien des égards, y compris la mise en place de centres de R. & D. de compagnies multinationales, l’attraction vers les marchés et institutions financières, les infrastructures et le libre-échange« , analyse Lionel Friedfeld, co-auteur avec Philippe Metoudi, d’ »Israël et la Chine – de la route de la soie à l’autoroute de l’innovation« . Selon Eli Tihar, consultant chez Deloitte Israël, il existe un “nouveau corridor d’innovation” entre ces deux pays.
Les sociétés high-tech de capital-risque israéliennes ont levé 500 millions de dollars auprès d’investisseurs chinois en 2014, 700 millions en 2015. Selon une autre étude, le montant approcherait le milliard de dollars en 2016 et la tendance serait toujours à la hausse. De plus en plus d’acteurs chinois – + 16% chaque année selon le centre de recherche israélien IVC – investissent dans la “Start-up nation”. Les fonds d’investissement tels que Mizmaa ou encore Sino Israel Technologies multiplient les participations et annoncent leur envie de garnir massivement leur portefeuille israélien. Une tendance accompagnée par les gouvernements et les géants de l’économie numérique chinoise.
Alibaba a trouvé une nouvelle caverne.
Début octobre 2017, Alibaba a annoncé un investissement de 15 milliards de dollars sur trois ans dans différents centres R&D à travers le monde et Tel-Aviv fait partie des villes choisies. Une annonce suivie d’effets puisque l’entreprise de Jack Ma a acquis, pour une somme avoisinant les 50 millions de dollars, une start-up israélienne nommée Visualead, spécialisée dans les QR codes. “Une transaction qui a envoyé un signal fort aux entreprises chinoises, les invitant à prêter attention au leadership mondial d’Israël dans la technologie de rupture et à son écosystème unique” commente Lionel Friedfeld.
Le signal a été intercepté par Baidu, l’équivalent chinois de Google, qui va investir en 2018 une dizaine de millions de dollars dans la technologie israélienne. Wahaha, le géant des boissons, tourné désormais vers l’innovation technologique et plus spécialement vers l’intelligence artificielle a signé un partenariat avec l’académie des sciences chinoises et l’Université de Haïfa. Selon le ministre de l’économie israélienne, Elie Cohen, Lenovo serait sur le point d’acquérir deux start-up israéliennes et de créer un centre de recherche et développement dans la région de Tel-Aviv.
Israël veut se faire une place dans l’Empire du milieu.
La Chine souhaite aussi attirer l’innovation israélienne sur son propre sol. Un premier accélérateur en partenariat avec les ministères de l’économie des deux pays vient de voir le jour à Shangaï. 10 start-up israéliennes ont été choisies parmi plus de 100 candidatures. “Le marché chinois est un marché avec un potentiel énorme pour les start-up israéliennes, mais c’est aussi l’un des marchés les plus complexes sur lesquels opérer”, nuance Ofir Gur, attaché commercial de l’ambassade d’Israël en Chine. “Barrières culturelles, barrières linguistiques, pratiques commerciales différentes, sont des obstacles auxquels se heurte une entreprise israélienne, en particulier une entreprise technologique qui tente de réussir en Chin« , précise le diplomate.
Si les débouchés commerciaux attirent les Israéliens, les places financières chinoises pourraient devenir le nouveau graal à décrocher. « Le marché boursier chinois deviendra une autre option très viable pour les entreprises israéliennes à la recherche de financements publics« , analyse Eli Tidhar de Deloitte Israël. Un simple petit bond en avant pour la Chine qui, par ailleurs multiplie en Europe, en Asie et aux Etats-Unis ses investissement mais une grande évolution pour Israël qui pourrait compter sur un autre partenaire de poids pour développer et proposer ses innovations.
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