Microsoft a annoncé il y a deux ans le retrait de ses investissements dans la start-up israélienne AnyVision, révèle The Verge. Spécialiste des logiciels de reconnaissance faciale, elle a été créée en 2015 à Tel Aviv. L’entreprise américaine y avait injecté 74 millions de dollars en juin 2019 via M12, son fonds de capital-risque.

Le rôle d’AnyVision en Cisjordanie.

Cette décision est intervenue après un audit mené par l’ancien procureur général américain Eric Holder, désormais membre du cabinet d’avocats Covington & Burling. L’objectif de l’enquête était de déterminer le rôle de la jeune pousse dans un programme de surveillance de Cisjordanie, révélé par NBC News en octobre 2019. Des associations de protection des droits fondamentaux accusent la start-up d’être utilisée pour traquer les Palestiniens sur ce territoire. Mais le cabinet a conclu que « la technologie d’AnyVision n’a pas auparavant et n’alimente pas actuellement un programme de surveillance de masse en Cisjordanie« .

Quoi qu’il en soit, Microsoft a décidé tout de même de couper toute relation avec la start-up et va encore plus loin en annonçant l’abandon de tout investissement minoritaire dans des entreprises spécialisées dans la reconnaissance faciale. « Le processus d’audit a réaffirmé les difficultés d’être un actionnaire minoritaire dans une entreprise qui vend des technologies sensibles, puisque ces investissements ne permettent généralement pas le niveau de supervision ou de contrôle que Microsoft exerce sur l’utilisation de sa propre technologie« , explique l’entreprise avant d’ajouter « Microsoft s’est orienté vers des relations commerciales qui lui offrent une plus grande supervision et un meilleur contrôle de l’utilisation des technologies sensibles« .

Un appel à la réglementation

Bien que Microsoft s’éloigne des investissements dans les entreprises de reconnaissance faciale, il continue de développer sa propre technologie. Via Azure cognitive services, l’API « Face » permet à tout développeur « d’intégrer la reconnaissance faciale dans des applications pour une expérience utilisateur transparente et hautement sécurisée ». En 2018, le président et directeur juridique de Microsoft, Brad Smith, se voulait rassurant dans un billet de blog en affirmant que l’entreprise ne vendrait jamais sa technologie de reconnaissance faciale à des fins de surveillance. Il appelait également les gouvernements à adopter un cadre juridique clair sur cette question. Un appel repris maintes fois depuis.

Interrogé par L’Usine Digitale, en février 2020, le directeur technique et sécurité chez Microsoft France Bernard Ourghanlian expliquait que « l’appel à la réglementation, c’est surtout pour que nous sortions de cette espèce de rôle qui n’est pas le nôtre. On s’arroge des droits d’Etat. Microsoft n’est pas un Etat, nous n’avons jamais été élu et nous n’avons aucune légitimité pour interférer sur ces questions-là ».

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