CULTURE WEEK-END. INCROYABLE HISTOIRE…. Né à Seattle aux Etats-Unis dans une famille de musiciens minée par la violence et la drogue, le rappeur Nissim Black a d’abord été musulman puis chrétien évangéliste avant de se convertir au judaïsme ultra-orthodoxe. Il vit aujourd’hui à Jérusalem, dans le quartier ultra religieux de Mea Sharim, avec sa femme et ses cinq enfants.

“Je fais du rap spirituel ! Mon but, avec ma musique, c’est de rapprocher les gens de Dieu. Peut importe qui ils sont, s’ils croient en Dieu ou non et en quel Dieu ils croient.”  Vêtu de la tenue classique chez les ultra-orthodoxes, chemise blanche, veste longue et chapeau noir, le rappeur originaire de Seattle parle d’une voix posée. A 32 ans, Nissim (“Miracle” en hébreu) Black, né Damian Jahomi Black, a une vie déjà bien rempli : il a sorti quatre albums, s’est successivement converti aux trois grands monothéismes et a récemment quitté son ancienne vie sur la côte ouest des Etats-Unis pour venir s’installer à Jérusalem-Ouest.

La musique depuis toujours.

La musique, chez les Black, est une véritable histoire de famille. Les grands-parents de Damian, tous les deux musiciens, ont notamment joué avec Ray Charles et Quincy Jones tandis que ses parents, respectivement connu sous le pseudo de James “Captain Crunch” Croone et Mia Black, étaient tous les deux rappeurs, tout autant qu’ils étaient dealers. Damian a tout juste 13 ans quand il commence lui aussi à dealer.

Né dans un milieu où le rap est omniprésent, le jeune Damian a à peine plus de dix ans lorsqu’il chante pour la première fois, soutenu par Vitamin D, rappeur et producteur américain souvent considéré comme l’un des plus principaux acteurs du développement de la scène hip-hop de Seattle.

A cette époque, Damian prend le nom de Danger, avant de changer une nouvelle fois de “blase” et se fait appeler D. Black. Sous ce pseudo, il sort ses deux premiers albums, The Cause and the Effect en 2006 et Ali’yah en 2009, “Ascension” en hébreu. A cette époque, D. Black fréquente assidument le judaïsme messianique, un mouvement religieux qui combine des éléments de la chrétienté et du judaïsme. Ali’yah sera le dernier album du rappeur avant sa conversion au judaïsme, en 2011.

D’une religion à l’autre.

Avant cela, Damian Black s’est d’abord essayé à d’autres religions. Né dans le quartier de Seward Park à Seattle, Damian a 10 ans à peine lorsqu’il commence à découvrir l’islam auprès de son grand-père, musulman sunnite, avec qui il se rend tous les jours à la mosquée. “A cette époque, je ne connaissais rien à la religion. Mon grand-père  m’a dit que j’étais moi aussi musulman alors c’est ce que je disais” raconte le rappeur, visiblement ému. Mais lorsque son aïeul est envoyé en prison, le jeune garçon s’éloigne peu à peu de l’islam. “Comme mes parents n’étaient pas religieux, j’ai arrêté d’aller à la mosquée.”

Converti au christianisme à l’âge de 14 ans après avoir passé l’été dans un camp évangéliste, Damian Black à une vingtaine d’années lorsqu’il découvre la Torah pour la première fois. A cette époque, il fréquente assidument le mouvement du judaïsme messianique. “Pendant cette période, je lisais la Bible, le Coran et la Torah” raconte le rappeur. Je cherchais ma voix et j’ai alors senti que c’était dans la Torah que se trouvaient les vraies racines”.

“Spiritual rapper”

“Ma conversion ne s’est pas faite en un jour, ça m’a pris du temps. J’ai d’abord beaucoup lu le Coran, la Bible et la Torah et puis j’ai senti que je devais me tourner vers le judaïsme. Cela a évidemment beaucoup influencé ma musique”, raconte celui qui, après avoir quitté la scène pendant plusieurs mois, revient en 2012 sous le nom qu’on lui connaît aujourd’hui, Nissim Black.

Depuis, le “rappeur spirituel” comme il aime à se définir, a refait deux nouveaux albums, Nissim sorti en 2013 et Lemala en mars 2017. “Avant d’être Nissim, dans mes chansons je parlais surtout d’argent, des filles et de la drogue. Aujourd’hui, c’est Dieu qui  occupe une place fondamentale dans mes textes !”

Dans la vie comme à la scène, depuis sa conversion et son déménagement dans le quartier ultra-orthodoxe de Mea Sharim à Jérusalem il y a deux ans, Nissim Black a tiré un trait sur sa vie d’avant. “Parmi les gens qui écoutaient ma musique à mes débuts, certains ont continué à le faire après ma conversion et beaucoup ont arrêté. Mais peu importe, j’ai beaucoup travaillé sur ces deux derniers albums et je pense avoir réussi à conquérir un nouveau public.” Le rappeur l’assure, dans son quartier de Jérusalem il entend régulièrement sa musique s’échapper des fenêtres d’un appartement ou d’une boutique lorsqu’il marche dans les rues.

“Même si j’ai commencé à fumer à 9 ans et que je dealais déjà à 13 ans, je n’ai pas de regrets pour ce que j’ai fais dans ma vie avant de me convertir au judaïsme. Mais j’ai cinq enfants et je ne vois pas l’intérêt de leur parler de cette époque, je veux qu’ils aient la meilleure vie possible, ici en Israël.”

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